Apothéose festive et vent de folie au village Francofou
Aligner deux joyeux drilles sur une seule et même affiche, voilà bien un pari gagnant pour cette ultime journée du village Francofou.
Publié le 25-07-2016 à 08h57
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Ce n’est pas de la gaudriole, si même le point commun entre ces deux pointures est de faire décoller la foule. Ils ont beau faire le pitre, assaisonner leur show des péripéties les plus folles, ces deux-là ne sont pas des gugusses et leur sens de la fête, communicatif en diable, allait décoiffer complètement le village Francofou pour une ultime journée comme en état de grâce.
«J'ai 20 ans depuis 60 ans», s'esclaffe le Grand Jojo à l'heure des présentations à la presse. «Et je fais partie des trois dinosaures qui défendent la chanson belge, avec Annie Cordy et Toots Thielemans» ajoute celui dont la carrière débute à l'âge de 3 ans. «Je suis né en 1936, l'année des congés payés. Et à trois ans, je chantais déjà J'attendrai, de Rina Ketty» poursuit le Grand Jojo.
Et voilà que malgré ses 80 balais, il nous refait le coup du show époustouflant. Inusable et désopilant comme à son habitude. «Universal Music est venu me rechercher voici 3 ans et depuis, ça n'arrête plus. Et le secret, ce sont mes musiciens. Je suis leur papy», dit celui qui se produit toujours sur scène avec le drapeau belge en toile de fond et qui vient de sortir une compilation de 80 titres, dont 19 raretés.
Alors, ringard hier et branché aujourd'hui? Ben non, une valeur sûre, tout simplement, le Grand Jojo. «On a traversé toutes les générations. Même les enfants chantent avec moi. Ils m'ont découvert lors d'une fancy-fair ou d'un camp scout», insiste celui qui fait vibrer tout le public sans distinction.
«C'est un retour aux sources. En 1974, je tournais avec des musiciens français dans des bals et on venait me chercher à minuit pour le show. J'ai connu les débuts de Jacques Brel et Barbara qui cherchait ses racines à Bruxelles. Et dans la petite rue des Bouchers, on rencontrait un petit pianiste appelé Georges Moustaki qui faisait le garçon de café pour arrondir ses fins de mois. C'est l'époque des cachets d'artistes à 20 francs belges. De quoi manger un spaghetti avec un verre de vin ou de prendre trois verres avec un œuf dur», ironise encore Jean Vanobbergen, cet ovni des variétés belges qui n'en finit plus de planer en délire pour mieux empocher son public.
Pas étonnant que ce Jules César sans égal, face à une foule assoiffée dans un village Francofou qui n’avait rien de désertique, soit parvenu à relever brillamment un défi cependant tardif pour une apothéose festive des plus grands soirs. Pas besoin de monter à La Sauvenière pour décoller.
Les attentats ont freiné l’enthousiasme
Si le score final passe de 170 000 à 180 000 spectateurs, on attendait mieux à Spa, avec un jour de plus.En cause, la psychose des attentats
À l’heure du bilan, si Charles Gardier se félicite du succès et de l’efficacité de la journée d’intégration des personnes à mobilité réduite du 19 juillet, il épingle les effets négatifs des attentats du 14 juillet à Nice.«Les ventes de dernière minute ont subi un coup d’arrêt immédiat suite à l’horreur des attentats de Nice, avant de redémarrer au coup par coup»,explique le codirecteur des Francofolies.
Résultat: un score final que l’on espérait plus évolutif encore, puisque cette édition comptait une journée de plus, avec Michel Polnareff. Une soirée qui attirait 8 000 spectateurs pour une capacité de 9 000 personnes. Idem le mercredi avec une affluence quelque peu au rabais et 7 600 spectateurs «seulement» pour Pascal Obispo en grande forme.
C’est donc un constat en demi-teinte que Charles Gardier tire de cette édition. Sans les attentats de Nice et la psychose qui s’y rattache, il est clair que les concerts de la scène Pierre Rapsat auraient sans doute affiché complet sur la place de l’Hôtel de Ville, boostant ainsi le score final.
Fort heureusement, les choses ont sérieusement bougé dès le vendredi avec une relance des préventes indiquant clairement que le samedi serait sans doute la plus grosse journée au village Francofou. Une journée de folie communicative.
« Parmesan autour de toi »
Il fait partie des phénomènes dont on ne se lasse pas. Samedi, en guise d'apéro festif, le guignol Sttellla déridait enfin le public.
Dolympia, c’est sa trouvaille. Et donc l’intitulé des Dolympiades actuelles à Limbourg. Dès lors, s’il est bien un artiste qui a laissé pas mal de traces en région verviétoise, c’est Sttellla. On s’en souvient aussi à Theux, explique Catherine Scurole, comme aussi de Puggy, qui clôturait les concerts de la scène Proximus dans la soirée de samedi sous les acclamations. Mais pour l’heure, dans la dimension d’une affiche ouverte aux variétés les plus exubérantes, c’est Sttellla qui tient la vedette, avant Doc Gynéco et le Grand Jojo sur la scène Sabam.
À l’heure des fanfaronnades d’un certain Donald Trump, il peut sans crainte nous dire que l’on n’a rien de moins que les Américains. Pour embrayer ensuite sur les musiques du monde à la sauce italienne et Parmesan autour de toi. Pané d’hier, Jean-Luc Fonck. D’emblée, le public se fait enfin plus réceptif. Voilà ainsi que certains toussent – non, non, pas comme à Torremolinos – mais bien pour s’éclaircir la voix et s’époumoner dans des accompagnements vocaux qui soulignent les facéties du clown irrésistible que reste Jean-Luc Fonck.
Du tout grand art pour ce pitre hors normes, aux tenues tout aussi exubérantes que son increvable tonus et dont le répertoire est déjà bien connu de tous. Un avantage notoire pour faire bouger la foule et l’extirper enfin d’une certaine torpeur inexplicable.
C’est que, sur le coup de 16 heures, même un chat aurait pu retrouver ses jeunes au village Francofou, où l’on ne se presse pas encore à suffisance. Sur la scène Proximus, le Hervien Nicolas Donnay, sous le pseudonyme Aprile, arrive à décoincer un rien une assistance encore trop rare. De toute évidence, l’effet d’entraînement tarde encore à venir. C’est ici qu’intervient Sttellla, qui offre instantanément au public les démangeaisons nécessaires à la grande bougeotte collective. C’est tout Jean-Luc, ce genre de truc…