Européade et Those Fucking Bells : Namur a vécu un long weekend musical
Samedi soir, on s’est franchement demandé d’où pouvait bien sortir ce stratosphérique Those Fucking Bells mettant impunément le feu à la place d’Armes, avec son chanteur dégoulinant, ses guitaristes explosés et sa gracieuse violoniste à longue robe à carreaux écossais donnant des sueurs à son archet..
Publié le 24-07-2016 à 23h59
Le groupe, aussi énigmatique que prolifique, joue à fond de cordes, inondant son public de sonorités à donner des convulsions aux plus amortis des écoutants
La prestation est généreuse, signée d’une joyeuse bande de musiciens fêlés prenant son pied et mouillant diablement bien ses chemises sur des compositions irlandaises. Cela sent comme la mousse de Guinness sur la place d’Armes, le pub obscur sorti de nulle part, la mer tempétueuse, la roche antédiluvienne et la croix celtique.
D’où viennent-ils, ces cracks? Ni de Londres ni de Dublin mais de… Namur. Leur performance fait vraiment illusion d’exotisme par-delà la Manche.
Those fucking bells» a virilisé l’Européade des traditions plus anciennes et plus sages. À deux pas de la, les folkloristes se prenant gentiment par la main ou livrant des farandoles ressemblent à des anges. Eux, dans le genre «fuck you », ils bousculent les tables en éructant des diables de chansons.
Rendez-vous en Finlande en 2017
C’est fini! La messe folklorique européenne a été dite, dans toutes les langues. L’interminable caravane 2016 de l’Européade, grosse de ses 4000 festivaliers et de ses 80 bus, reprend la route ce lundi matin, dans toutes les directions.
En ville, où les places sont retombées à leurs murmures d’été, elle ne laisse que les inoubliables souvenirs d’un inédit barnum folklorique, très étoffé en costumes, très soutenu en musiques anciennes et en traditions séculaires. Un événement d’une ampleur inégalée.
Ce fut une grand-messe folklorique, par le grand nombre d'officiants, musiciens, chanteurs et danseurs. Ce fut aussi une parade au grand air qui a chevauché la ville. Samedi après-midi, les 170 groupes issus de 25 pays n'ont pas eu d'autre choix que de revisiter la comédie musicale américaine «Singing in the rain ». En Belgique, après la canicule, vient toujours l'orage, ont découvert des festivaliers trempés mais néanmoins ravis de leur voyage.
Samedi soir, sur la place Maurice Servais, l’Européade a offert aux Namurois un autre de ses grands classiques: un bal populaire, où l’on se laisse aller à une bourrée ou à une polka géantes. Le bal de toutes les amitiés possibles intra-européennes, par musique interposée. Dans une atmosphère moite d’après-orage, la petite place vernie des faisceaux électriques rose et rouge de la scène, avait des airs de grand cabaret estival, perméable à toutes les improvisations et à tous les éclats spontanés de joie et de voix. Les Masuis et Cotelis y étaient aussi attablés, refusant d’aller dormir. Le podium s’était éteint depuis longtemps qu’ils promenaient encore des flonflons au bout de leur accordéon, de mèche avec des Bretons et des Allemands.