Quatre ans avec sursis pour un patriarche violent
La conception archaïque de la famille n’est plus de mise en Belgique.Lahcen B. écope d’une peine de 4 ans assortie d’un sursis.
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- Publié le 29-04-2016 à 06h00
«Tout va très bien dans ma famille. Je ne frappe personne, ni ma femme ni mes enfants. Jamais. Ce sont des mensonges de mon épouse. elle veut m'enfoncer parce qu'elle a appris qu'il y a une autre femme avec qui je veux me marier au Maroc et qu'elle veut se venger de moi.» Voilà en substance le discours servi par Lahcen A., 64 ans, à l'audience du tribunal correctionnel le 24 mars dernier.
Mais les lésions constatées par les policiers sur l’épouse du prévenu, une femme de 28 ans sa cadette, sont bien réelles. Et incontestables. Le 10 septembre 2014, en début d’après-midi, elle avait fait appel aux secours à l’insu de son mari. Une dispute vient d’avoir eu lieu et son mari est surpris et contrarié de voir arriver les policiers. En aparté auprès d’une policière, la fille aînée explique qu’il faut absolument écarter son père car il est violent. et qu’il frappera sa mère s’ils s’en vont. Le petit frère, Y., vient de prendre des coups de ceinture, et elle en a pris également pour avoir tenté de s’interposer. Il sera placé sous mandat d’arrêt par un juge d’instruction pour deux mois.
En audition vidéo filmée, la jeune fille explique qu’il y a des disputes quotidiennes. Que son père rejette Y. car il est persuadé de ne pas en être le père, et que sa mère ne peut pas sortir seule. Son père frappe avec du métal, dit des gros mots, il menace de partir au Maroc. Elle évoque aussi cet épisode où, alors qu’elle avait 9 ou 10 ans, elle a été attachée aux mains et pieds, et il avait tenté de l’électrocuter. La maman était intervenue in extremis.
Les experts psychologues ont estimé que le discours de la jeune fille est tout à fait crédible. Comme les dires de la femme dont on a retrouvé les papiers d’identité dans la chambre.
Le tribunal a pointé dans son jugement, une conception patriarcale de la famille, une absence de maîtrise de son agressivité et de son impulsivité à l’égard de son épouse et de ses enfants. Cette histoire ne sera pas sans répercussion sur le développement psychique des enfants qui ont été exposés à une violence intrafamiliale récurrente dès leur plus jeune âge.
Bref, le tribunal a décidé de faire comprendre à Lahcen B. la gravité de ses actes. Il écope de quatre ans, avec sursis.