Muriel Charon n’en est pas à son premier coup de cœur. À Fosses, elle gère les gîtes Apothecarius, une maison d’inspiration Art Déco, qui fut naguère la propriété de pharmaciens et où elle a implanté son atelier de restauration de tableaux. Il y a quelques années, Muriel avait aussi ouvert le premier gîte urbain de Namur, après avoir rénové la maison Mucha, une maison bourgeoise à Saint-Servais, de style Art nouveau, signée par l’architecte louvaniste Corthoudts.

Un gîte qu’elle a revendu pour se lancer dans cet autre projet patrimonial: le rachat de la villa Balat, au confluent de la Meuse et de la Sambre. Sa façade caractéristique, blanche, avec son pignon en accolade, sa tourelle et sa serre en acier et verre, contribue pour beaucoup dans le cachet de la rive droite, côté Jambes.

«Je prendrai possession des clés le 1er juillet, explique Muriel Charon. Mon projet, c'est d'y habiter et d'y aménager trois chambres d'hôtes, pour l'accueil de touristes. »

Le projet est on ne peut plus judicieux. Des fenêtres de leur chambre, les hôtes bénéficieront de la plus belle des cartes postales qui soit. Et ils ne seront qu’à quelques pas de la future passerelle cyclo-piétonne qui reliera d’ici quelques mois Jambes à Namur.

«Je suis amoureuse de cette villa. On y sent les premiers signes de l'art nouveau. » Restauratrice de tableaux anciens et formatrice à l'IFAPme ainsi qu'à la Paix-Dieu à Amay, Muriel Charon entend bien ne pas modifier l'esprit de la maison. Administratrice aux Gîtes de Wallonie, elle s'assigne la mission de préserver ce patrimoine exceptionnel tout en lui conférant une vocation touristique. Trois chambres d'hôtes seront aménagées dans les prochains mois. «Pour la thématique, j'ai déjà ma petite idée en tête, mais chut, cela restera une surprise. Je vais faire des recherches pour conserver l'atmosphère du lieu, son style. »

Muriel veut créer un concept global, autour de l’art et du patrimoine. Un grand bain culturel dans lequel ses futurs hôtes pourront plonger avec délectation.

Les plus belles vues sur Namur

Avant d’être rachetée par Muriel Charon, la maison attribuée à Balat n’avait connu que trois propriétaires en un peu plus d’un siècle.

En 2005, Caty et Christopher Trapman y avaient posé leurs valises. Eux aussi en étaient littéralement tombés amoureux. «J’ai beaucoup de respect pour ces propriétaires qui se sont énormément investis dans cette maison en préservant son caractère », souligne Muriel Charon. Elle compte reprendre cet héritage, avec le sentiment à la fois humble et fort de préserver ce style ô combien caractéristique de la villa, qui compte parmi les plus emblématiques du Namurois.

La maison fut construite à la fin du XIXe siècle, juste à côté de l’ancien Hôtel de la Plage, transformé en immeuble à appartements de luxe. Elle fait face au Grognon, au Parlement wallon et, en arrière-plan, à la silhouette caractéristique de la citadelle. Ses fenêtres offrent incontestablement l’une des plus belles vues de Namur.

La griffe serait celle d’Alphonse Balat, même si la pierre n’a pas gardé son nom en mémoire. Comme un clin d’œil de l’histoire, on retrouve, toutes proportions gardées, son amour pour les verrières, avec cette serre décorative aux formes arrondies, adossée à un pignon de la maison, perchée de manière insolite sur une plateforme en hauteur. Un petit jardin en ville, en forme de bulle.

La villa jamboise préfigure le style Art nouveau, avec ses fenêtres aux formes légèrement arrondies. Construite en bordure du halage, elle a les pieds pratiquement dans l'eau. «On a parfois l'impression d'être sur un bateau », nous avaient confié ses anciens propriétaires, à qui L'Avenir avait consacré un reportage en 2011. Une sensation que les hôtes de Muriel Charon pourront ressentir, d'ici quelques mois.