« Ottignies avait besoin d’une nouvelle aventure »
Hamme-Mille, Wavre, Namur, Charleroi… Beaucoup de noms ont circulé. Mais finalement, c’est à Ottignies que l’UCL s’est installée, non pas en vue d’une extension pour les francophones comme initialement prévu, mais bien pour créer une nouvelle université.
Publié le 06-02-2016 à 05h00
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Un homme a poussé pour qu’Ottignies soit la terre d’accueil: son bourgmestre, Yves du Monceau. Son fils, Cédric, actuel échevin du Commerce et du Tourisme d’Ottignies-Louvain-la-Neuve (cdH), est un témoin privilégié de la naissance de la ville nouvelle, la dernière née en Belgique depuis Charleroi (1666).
1. La Petite Sibérie «Je me promenais à pied ou à cheval là où l'UCL allait s'installer. On appelait le plateau de Lauzelle la petite Sibérie car c'était une plaine venteuse sans obstacles et où il faisait donc très froid.»
2. Le fantasme de son père«J'ai vu mon père s'exciter et fantasmer sur ce projet de Louvain-la-Neuve. Tout a débuté à l'automne 1961, suite à une réunion de La Relève, un groupe d'intellectuels du PSC où il a pris conscience que les francophones de l'UCL ne pouvaient rester à Louvain. Le 5 mai 1962, il a donc écrit au recteur de l'UCL pour lui proposer une implantation à Ottignies. Je pense que l'idée d'attirer l'université vient en réalité de ma mère, celle-ci ayant dit à mon père qu'il y avait là toute une plaine où elle pourrait s'installer.
Mon père a connu la guerre. Il avait l’audace de l’inconnu et voyait positivement le futur. De plus, Ottignies, commune d’industries lourdes (filature, sidérurgie, etc.), était sur le déclin. Il y avait donc un besoin d’une nouvelle aventure de vie et Louvain-la-Neuve fut ce grand projet. Mais ce ne fut pas évident, car certains à l’université estimaient qu’Ottignies était trop petite et que symboliquement, s’y installer ne serait pas un signe de réussite. Ils préféraient Wavre, la grande ville de l’époque. Monseigneur Massaux, recteur de l’époque, a même imposé à mon père de faire des démarches positives envers Wavre et son bourgmestre Justin Peeters. Mais Wavre ne voulait pas de l’université sur ses terres.
Et le 14 juillet 1966, le conseil communal d’Ottignies s’est prononcé à l’unanimité en faveur de l’accueil de l’UCL.»
3. L'enfant et le père «Avec l'arrivée de l'UCL, j'ai découvert un autre père. Il se définissait comme un conservateur de progrès. En tant qu'enfant, je connaissais son côté conservateur… Mais il était aussi progressiste. Un jour, la gendarmerie entourait le bâtiment de l'impasse de Picardie où se trouvait l'émetteur d'une radio libre (NDLR: Radio LLN, en 1978). Les étudiants se sont mobilisés. Et mon père, moins guindé que ce qu'on peut croire, leur a dit: "Allez-y, je m'occupe du reste."»
4. L'étudiant«J'ai étudié les sciences économiques. J'ai fait ma première année à Louvain, la faculté n'ayant été transférée que l'année suivante, en 1976. Avec Alain Trussart (ancien député provincial Écolo), Michaël Goblet d'Alviella (bourgmestre actuel de Court-Saint-Étienne, MR) et d'autres, nous avons créé le Cesec (le cercle des étudiants en sciences économiques, sociales, politiques et de la communication). Nous avions cours dans le bâtiment Leclercq tandis que le bâtiment Montesquieu n'existait pas encore. Il y avait des chantiers partout, mais cela ne nous dérangeait pas. La rue des Wallons était l'artère commerciale et le cœur de la vie étudiante se situait place Galilée et place des Sciences. Je suis heureux que l'UCL l'ait rénovée et y installe son musée.»