« Balayés par l’arrivée de l’université »
«La naissance de Louvain-la-Neuve? Pour nous, ce n’est pas un très bon souvenir», reconnaît d’emblée Nelly Roobrouck-Vandenborren.
Publié le 06-02-2016 à 05h00
:focal(507x404:517x394)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/RZUFTDY365D4VNNS4HKSEOX3HM.jpg)
Celle qui est devenue conseillère communale (OLLN 2.0, opposition) habitait à l'époque au cœur de ce qui est devenu la cité universitaire. Ses parents exploitaient une ferme qui se trouve grosso modo où se sont érigées les halles universitaires, sur la place de l'Université. «Nous avons été balayés par l'arrivée de l'université. Ce fut une révolution, un tsunami, même si nous n'y avons pas perdu la vie. Ça m'irrite beaucoup quand on dit que Louvain-la-Neuve est sortie des champs de betteraves. Ce n'est pas vrai: il y avait là toute une vie sociale. Des gens, agriculteurs et artisans, y habitaient et y travaillaient», continue Nelly Roobrouck.
Pour s’installer, quelque 800 hectares ont été rachetés par l’UCL avec l’aide de subsides publics. Quelque 200 personnes ont été touchées par les expropriations.
Sur le site, il y avait quelques gros propriétaires qui louaient leurs terres à des fermiers. La famille de l’époux de Nelly Roobrouck, Robert Roobrouck, était dans le cas: elle n’était pas propriétaire mais exploitait la ferme de Blocry. Les gros propriétaires ont été les premiers à vendre leurs terres. Les locataires pouvaient alors réclamer des indemnités.
«Pas évidentd’obtenir les indemnités»
«Ce ne fut pas évident de les obtenir. Il y a eu beaucoup de réunions mais aussi des manifestations, notamment lors de la venue du roi Baudouin pour la pose de la première pierre, le 2 février 1971. Je vois encore les banderoles où il était écrit que nous voulions des indemnités équitables. C'est peut-être ça qui m'a donné le goût de la politique, se remémore notre interlocutrice. Ce qui est assez fou, c'est que le bourgmestre de l'époque, Yves du Monceau, a couru derrière les pouvoirs publics pour installer l'université dans sa commune. Or, il proposait des terres dont la Commune n'avait pas la propriété…»
Et de continuer: «Quand les gros propriétaires ont vendu, les petits propriétaires, comme mes parents, ont eu la corde au cou et ont été forcés de suivre. Ensuite, quand un paysan n'a plus de terre, il doit se reconvertir. Ce n'est pas facile. Mon père, Hector, a travaillé à la Commune. Il est mort en 1973, très vite donc après avoir quitté la ferme dans laquelle il était né.»