L’homme qui fleurissait les statues bruxelloises
Citoyen de Forest, Geoffroy Mottart s’amuse à décorer les statues bruxelloises à l’aide de fleurs, l’occasion de faire redécouvrir ces œuvres sous un autre angle aux Bruxellois. Rencontre.
Publié le 20-01-2016 à 14h54
Lors d’une balade dans l’un des nombreux parcs bruxellois, si vous croisez la statue d’Armand Bernier ou le buste de Léopold II quelque peu amélioré et décoré à l’aide de perruques florales, ne vous étonnez pas. Il s’agit du travail de Geoffrey Mottart, une sorte de street artiste de la fleur qui sévit aux quatre coins de la capitale. «Mais contrairement à d’autres, je ne vis pas caché», sourit ce dernier avant d’évoquer son travail.
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Ce fleuriste de formation a débuté son travail il y a peine quelques mois, mais rapidement le travail de cet artiste a fait le tour de la toile. «J’ai fait mes premiers fleurissements au mois d’août, se souvient Geoffroy Mottart. Mais l’idée me trottait en tête depuis très longtemps. J’interviens en plusieurs phases. La première est évidemment la recherche de la bonne statue. Ensuite, j’essaie d’en savoir un peu plus sur la personne et sur le sculpteur qui a réalisé l’œuvre. Commence enfin le travail de création. Je travaille avec des structures métalliques pour faire des moules. Je fais plusieurs allers-retours entre mon atelier et l’œuvre pour le fignoler, pour que ma structure colle un maximum à la statue, qu’elle devienne une partie intégrante de celle-ci, que cela ne dénature pas la statue. Puis vient le travail de broderie ou de collage en fonction de l’œuvre et de mes choix de fleurs. Je choisis toujours les fleurs en fonction de la statue. Sur plusieurs jours, il faut compter une grosse dizaine d’heures par réalisation.»
Mais si le résultat est long à obtenir, la réalisation est éphémère. «Trois jours, quatre au maximum, compte l’artiste. Puis il y a les interventions extérieures, je ne parviens pas à récupérer certaines œuvres. Certaines ne sont même pas rester 24hen place. Je suis un peu triste si elles disparaissent rapidement, mais après deux, trois jours, c’est sans doute pour lui donner une seconde vie, ce n’est pas pour me déplaire. Les gens ont eu le temps d’en profiter.»

Amoureux de la nature et des parcs bruxellois, ce Forestois a eu envie de remettre un patrimoine quelque peu oublié. «Depuis tout petit j’adore me promener dans la nature, reprend-il. Si la première fois, on fait attention à ce qui nous entoure, après plusieurs visites dans un parc, on se montre sans doute un peu moins curieux. Je trouvais ça sympa que les gens s’interrogent devant mon travail et redécouvrent des choses qu’ils avaient sans doute oublié à force de passer devant. L’idée est de faire ressortir cette statue et l’histoire qu’il y a derrière. Qui était cette personne finalement? Cela permet aussi de remettre un peu de lumière et de couleurs sur certains parcs.»
Geoffroy Mottart estime aussi que son travail à une dimension sociale. «Les gens s’arrêtent devant mon travail, raconte-t-il. Ils discutent entre eux. Sans ça, ils ne se seraient sans doute jamais parlé. Tout le monde voulait faire son selfie avec la statue et ils se demandaient d’où cela venait. L’objectif était rempli. Je veux intriguer les gens.»

C’est un peu par hasard que l’artiste choisit ses futures «victimes». «J’ai commencé par Forest parce que c’est en quelque sorte mon jardin, ajoute-t-il. C’était les plus faciles, mais je ne suis pas contre d’aller voir ailleurs. Je recherche juste des statues au visage bien marqué, pas trop abstrait. Je ne veux pas non plus des œuvres trop clinquantes, justement, je préfère des sculptures un peu plus discrètes pour les faire ressortir du paysage. Un rêve? Je pourrai faire une exception pour le Manneken Pis, cela pourrait être gag. Je suis certain qu’un jour on me proposera les statues de la Grand-Place, ce serait vraiment génial.»
+ En attendant, le travail de Geoffroy Mottart sera à découvrir lors du parcours d’artistes de Saint-Gilles et Forest le dernier week-end de mai et le premier de juin 2016 ou sur son compte Instagram.