Un festival pour « recentrer les débats »
Patrick Donnay, le directeur de Paroles d’Hommes, présente la 15e éditiondu festival. Un festival qui, plus que jamais, retrouve sa mission d’origine.
Publié le 17-12-2015 à 05h00
Patrick Donnay, Paroles d’Hommes s’étire sur onze communes. Ne s’éparpille-t-il pas?
Je ne pense pas. C’est dans la philosophie du festival et c’est une forme de richesse car ce festival ne ressemble à aucun autre. Avoir autant de partenaires est encore plus important aujourd’hui qu’hier car notre mission est décuplée et énormément de centres culturels aimeraient nous rejoindre. Spa pourrait en être en 2017 et faire cette jonction qui nous manque… Les gens voyagent d’ailleurs avec nous.
Justement, quel est votre rôle en ces temps de crises (identitaire, sécuritaire, migratoire…)?
Le festival est un lieu de rencontres pour le public et pour les artistes (nous en avons près de 400, avec les élèves) à la recherche d’un lieu de parole. Notre mission, qui est de prendre une thématique et de la partager, est une forme d’éducation aux valeurs démocratiques. On essaye de recentrer le débat, de poser les bonnes questions… et d’y apporter de bonnes réponses. Vu la marche de monde et son évolution, nous avons encore beaucoup de choses à faire.
Vous dites que le festival retrouve ses valeurs premières, c’est-à-dire?
C’est le développement d’une thématique liée, justement, aux thèmes de la démocratie, de la citoyenneté, de la tolérance… Le festival se veut être un lieu qui permet de s’arrêter un instant et de se recentrer sur l’humanisme et l’humanité pour tenter de mieux comprendre les choses.
«Aller au théâtre devient un acte de résistance», pourquoi?
Dans les pièces de théâtre, les artistes expriment des choses. Il faut que ces artistes continuent à s’exprimer. Quand on voit, par exemple, la montée du Front National en France, c’est interpellant. Une des premières choses qu’ils font, c’est de fermer les théâtres pour cloisonner les lieux d’expression. Cela me fait très peur. Aussi, après les attentats de Paris, le simple fait d’aller à une terrasse est un acte de résistance. Plus que jamais, il faut être citoyen dans sa ville, être un moteur et participer à cette vie.
Pourquoi le thème de l’immigration?
Cette thématique permet d'avoir des spectacles avec des enfants, d'avoir des chansons porteuses. Mais je me suis surtout dit qu'avec les réfugiés chez nous, il nous fallait ce thème. Pas spécialement pour l'immigration d'aujourd'hui, mais aussi pour rappeler l'immigration de nos parents en 40-45, l'immigration des Italiens pour venir œuvrer dans nos mines ou encore l'immigration espagnole fuyant le franquisme. Avec Cìncali!, M'appelle Mohamed Ali ou encore Ialma, nous portons pleinement ce thème.