«Ce piétonnier est comme un parc: prisé pour un usage récréatif plus que commercial»
Beaucoup s'en doutaient, on le sait désormais avec certitude via la dernière étude d'Atrium: le piétonnier bruxellois a un impact «neutre à négatif» sur les commerces. De quoi s'interroger: «s’agit-il de faire émerger un nouveau quartier commerçant ou de créer un espace pivot pour les quartiers adjacents?» Opposition et patrons réagissent.
Publié le 28-10-2015 à 16h09
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Il existe «une quasi unanimité pour le principe du piétonnier, mais pas pour sa gestion», indique l’étude d’Atrium, présentée mercredi à Bruxelles en présence du ministre bruxellois de d’Économie Didier Gosuin.
«S’il y a un terme à retenir, c’est celui de turbulences», a indiqué Arnaud Texier, directeur d’Atrium. «La fréquentation du piétonnier est volatile. D’un mois à l’autre, elle peut évoluer d’environ 10.000 personnes», relève Julien Bach, auteur de l’étude. «Ce n’est pas le cas dans la rue Neuve voisine qui se caractérise par une très grande stabilité de sa fréquentation.» Selon l’agence bruxelloise, le piétonnier du centre-ville est davantage soumis aux facteurs conjoncturels comme la météo ou l’agenda culturel. «Ce piétonnier tend à se comporter comme un parc public, prisé pour un usage récréatif plutôt qu’un usage commercial.»
Ainsi, 42,1% des 233 commerçants interrogés estiment que la fréquentation des commerces a diminué dans la zone.
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Police et balayeurs
Dans ses recommandations, Atrium appelle la Ville de Bruxelles, à l’origine du projet, à définir un véritable objectif à ce piétonnier. «S’agit-il de faire émerger un nouveau quartier commerçant ou créer un espace pivot pour les quartiers adjacents? Cette question doit être tranchée», estime Atrium. L'étude recommande aussi de «régler les problèmes de propreté en mettant une bridage spéciale affectée à ce territoire» ou encore de «régler les problèmes de sécurité en établissant une antenne de police dans le piétonnier.»
Le ministre Didier Gosuin appelle à la conclusion d’une convention-cadre entre la Ville de Bruxelles et Atrium afin d’améliorer le développement commercial de la zone.

Lemesre: «Pas de copyright»
Marion Lemesre (MR), échevine des Affaires économiques de la Ville de Bruxelles, indique mercredi soir dans un communiqué se réjouir «qu'Atrium adhère aux recommandations qu'elle leur a exposées lors du dernier Conseil Consultatif des Affaires économiques».
Marion Lemesre indique mercredi soir avoir déjà formulé des recommandations similaires. L'échevine sollicite donc leur soutien actif pour leurs réalisations et n'en demande pas le copyright», ajoute le communiqué.
Par ailleurs, Marion Lemesre «invite le Ministre bruxellois de l'Economie (Didier Gosuin, FDF, ndlr) à coordonner au sein du gouvernement régional les politiques ayant un impact direct sur la santé du commerce en centre ville telles que la mise en place du téléjalonnement visant à indiquer les parkings publics, la création de parkings de dissuasion ou encore un ramassage des immondices adapté aux nécessités d'un centre touristique et historique.»

cdH: «Corriger dès maintenant»
«La Ville doit revoir sa copie. Combien donc de signaux alarmants faudra-t-il pour que le Collège PS-MR de la Ville de Bruxelles ouvre les yeux?», se demandent mercredi par communiqué les conseillers communaux de l'opposition cdH à la Ville de Bruxelles Joëlle Milquet et Hamza Fassi-Fihri, en réaction à l'étude présentée par Atrium.
L'étude d'Atrium conclut que le piétonnier a eu un impact neutre à négatif sur la fréquentation des commerces. Selon les centristes, cette enquête «confirme les tendances et conclusions que nous avions tirées de notre enquête du cdH bruxellois, présentée dès le 2 septembre dernier. Celle-ci pointait déjà l'impact négatif de la manière dont le piétonnier est mis en oeuvre sur le commerce du centre-ville».
Le cdH de la ville de Bruxelles demande au collège PS-MR «de raccourcir la période d'évaluation de huit mois afin de déjà prendre des mesures correctives» de raccourcir la période d'évaluation de huit mois afin de déjà prendre des mesures correctives» telles que la «réduction du périmètre du piétonnier», «une adaptation du plan de mobilité" ou encore «une définition claire de la stratégie commerciale».
Le groupe cdH au Parlement bruxellois estime lui aussi que la Ville doit apporter urgemment des modifications à ce piétonnier. «Il ne sert à rien d'avoir le plus grand piétonnier d'Europe, ce qu'il faut c'est le piétonnier le plus efficace et le plus convivial», conclut le chef de groupe Benoît Cerexhe.

Unizo: «Tout recommencer»
L'organisation patronale Unizo appelle le collège de la Ville de Bruxelles à recommencer totalement l'aménagement des boulevards du centre à Bruxelles. «Et ce de manière systématique, en concertation avec toutes les parties concernées et avec un budget qui correspond aux ambitions affichées», affirme l'organisation mercredi dans un communiqué.
L'organisation se dit favorable à toute mesure permettant d'augmenter l'attractivité du centre ville, mais note qu'aucun résultat positif n'a été enregistré depuis le lancement de la phase test. «Il est regrettable que le large soutien constaté au départ se soit évaporé», affirme l'Unizo.
Selon l'organisation, les autorités de la Ville de Bruxelles ont géré l'ensemble du projet avec un manque de prévoyance et de planification. L'Unizo se pose plusieurs questions sur l'affectation du lieu: «plus de visiteurs pour le commerce ou pour l'Horeca? De jour ou de nuit? Des Bruxellois, des Belges ou des touristes? Que faire de ceux qui viennent en voiture?»
«La Ville ferait mieux de faire appel à un consultant externe, spécialisé dans le développement des quartiers urbains commerciaux et sensible à l'équilibre entre l'intérêt des commerçants et des autorités», conclut l'Unizo qui rappelle qu'Atrium propose d'aider la Ville à promouvoir la zone.