On a testé les monoroues électriques, trottinettes du futur
La mobilité en ville passerait-elle par la miniaturisation? Pour se faufiler entre les files, sur les trottoirs, sur les quais et dans les rues commerçantes, le monoroue électrique pourrait vite devenir la solution ultime. Ses adeptes ne prennent pas plus de place qu’un piéton. Mais roulent au moins trois fois plus vite. On a testé.
Jacques DuchateauPublié le 17-09-2015 à 09h24
Techniquement, on les appelle «self balancing unit», soit «unité auto-équilibrée». Pour faire plus simple, on les surnommera «monoroues».
Ces petits engins, tous fabriqués en Chine, constituent une alternative entre le vélo pliable, la trottinette électrique et le skateboard. Soit le moyen de locomotion ultime pour slalomer dans les villes tout en prenant son pied comme dans la poudreuse.
À condition de maîtriser son équilibre précaire de 15 à 30km/h. Et de pouvoir se l’offrir.

«Fait pour la ville, le monoroue se faufile partout»
Manu Bekhor, vous ouvrez le magasin Cityzen.be qui lance en Belgique la commercialisation de monoroues électriques. Où peut-on rouler avec ce type d’engin?
C’est un appareil qui est fait pour la ville. On peut rouler sur les trottoirs comme sur la route. Vu la nouveauté de ces appareils, il n’y a pas encore de législation belge qui les qualifie. Donc ça nous permet de circuler un peu où on veut.
J’habite au sud de Bruxelles mais je travaille au nord: je peux m’en servir pour partir bosser?
Absolument! C’est un appareil autonome, mais il peut fonctionner en appoint avec les transports en commun, comme un Brompton. On peut imaginer franchir la portion entre son domicile et la station en monoroue, puis monter dans le bus ou le train, et ensuite terminer sur l’engin. C’est très souple, d’autant que l’autonomie va de 15 km à 30 ou même 60 km. Mais là, il faut tenir la distance!



Leur poids permet donc de les porter?
Ils pèsent à peu près comme un vélo pliable. Soit entre 9 et 14kg. Les plus lourds ne sont cependant pas destinés à être emportés. Leur roue de 18 pouces prouve qu’ils sont conçus pour les longues distances. Ce sont de vrais moyens de locomotion.
Des batteries au lithium. D’où une autonomie importante. Et surtout, le gyroscope. C’est lui qui assure la stabilité avant/arrière. Quant à la stabilisation latérale, c’est à l’utilisateur de la gérer.

Ces engins, ils ont quoi dans le ventre?
Le monoroue électrique reste confidentiel en Belgique: il se popularise ailleurs?
En Espagne par exemple, leur usage est déjà assez répandu. Dans d’autres grandes villes aussi comme à Paris, où il est en vogue chez les quadras. J’espère en voir rapidement de plus en plus à Bruxelles.
À Bruxelles justement, la police n’a-t-elle pas embrayé?
Nous les avons vus sur des gyropodes, qui sont peut-être plus maniables au départ. Mais je ne doute pas de la capacité des policiers à utiliser les monoroues dans le futur.
Trois mots pour convaincre l’utilisateur?
C’est facile, ça se prend sous le bras et c’est une sensation unique de déplacement. Surtout, ça se faufile partout et quand on sait la situation de la mobilité bruxelloise, c’est un appareil qui convient parfaitement aux déplacements en ville.

Mais convient-il à tous les portefeuilles?
C’est un investissement. Aujourd’hui, c’est le prix d’un vélo un peu performant. Tout dépend de l’autonomie de la batterie: plus on cherche de la sophistication, plus ça monte. On peut commencer à 460€ pour 10km d’autonomie, passer à 650€ pour 15km et ça grimpe jusqu’à 1600€ pour 60km. Mais les prix diminuent déjà depuis la mise en vente des premiers modèles, aux alentours de 2000€.
Pour populariser le concept, il faudrait des compétitions. Ou des ambassadeurs.
Nous cherchons à créer une «team» bruxelloise pour assurer des démos et des capsules vidéos sur internet. Les compétitions, il n’y en a pas encore. Par contre le rappeur Chris Brown est un fan. On l’a même vu arriver à Cannes sur une planche électrique.
+ Cityzen.be, 88 rue du Page à 1050 Ixelles. Des démonstrations y sont prévues ce 20 septembre à l'occasion du Dimanche sans Voiture

«Comme si on survolait le sol»
«C’est comme une sensation de glisse. Puis quand on commence à maîtriser, qu’on slalome, c’est un peu comme si on survolait le sol. On pourrait rapprocher ça du ski, même si c’est très différent».
Noam a 15 ans. Il ne compte qu’une semaine de pratique sur monoroue. Mais il maîtrise déjà l’engin, qui fait rêver ses copains. Il va même à l’école avec. «Pour avancer, vous penchez un peu les pieds en avant. Pour freiner, c’est l’inverse, il suffit de se pencher en arrière. Pour tourner, même si c’est difficile à expliquer, il faut répartir le poids au bon moment, du côté où vous voulez vous diriger».
Pour apprendre, pas de secret: le jeune Ucclois s’est exercé. «C’est plus facile si quelqu’un peut vous aider à tenir debout. Mais si vous êtes seul, vous pouvez vous aider d’une rambarde. Pour moi, ça a été vite: une après-midi à peine. C’est possible, même si pour d’autres ça prendra sans doute quelques jours».
Après quelques minutes d’essai, on est certain qu’on se situe plutôt dans la seconde catégorie...
