PHOTOS | Namur: 13 siècles de trésors dévoilés
Chartes des comtes de Namur, procès de sorcellerie, partitions d’Ernest Montellier: les Archives de l’État exposent leurs richesses.
Publié le 03-09-2015 à 08h14
Le nouveau siège des Archives de l’État, boulevard Cauchy, à Namur, semble austère. Pourtant, cela vaut la peine d’en ouvrir la porte. L’exposition qui s’y tient jusqu’au 16 octobre montre l’extrême diversité des trésors qui y sont conservés. Car l’éventail va des parchemins médiévaux les plus précieux aux documents judiciaires, notariaux, d’entreprises, du XXe siècle.
Six semaines d’exposition, cela semble peu. Mais le besoin d’assurer une bonne conservation des documents l’impose: le papier supporte mal la lumière, même tamisée des intérieurs. Jusqu’en 1989, les Archives de l’État à Namur présentaient, en permanence, leurs chefs-d’œuvre, dans un petit musée, rue d’Arquet. On constata que ceux-ci se dégradaient: depuis lors, il a été décidé de limiter au maximum ces exhumations. L’exposition actuelle est une aubaine, il faut en profiter.
Battues contre les loups
Baptisée «À travers l’histoire du Namurois 2.0», elle se réfère, par son intitulé, à une initiative similaire prise en 1971 par l’archiviste Jean Bovesse. Un catalogue, rédigé par Frédérik Lambé, en sera la prolongation durable. Il reprend, pour partie, des textes écrits à l’époque par Jean Bovesse, qu’il complète par diverses notices présentant des documents qui, depuis lors, ont rejoint les archives namuroises.
Car maintenant que l’institution dispose de locaux beaucoup plus vastes, elle est capable d’accueillir des documents bien plus nombreux: fonds familiaux et d’entreprises, archives d’anciennes communes, dossiers judiciaires, mais aussi photos (notamment par la collaboration avec les Archives photographiques namuroises).
L’exposition témoigne de cette diversité, depuis les chartes des corporations de Namur jusqu’aux notes des Eaux et Forêts, réclamant en 1820 des battues contre les loups, aux bilans d’activité du secours d’hiver en 1942 et aux photos du compositeur Ernest Montellier.

Un parchemin du Moyen Âge plus durable qu’un papier moderne
Quel est le document le plus ancien exposé ici?
Une page d’un psautier du VIIIe siècle, venant des îles britanniques et utilisé par les moines de l’abbaye de Waulsort, pour renforcer une reliure. C’est Jean Bovesse qui l’a retrouvé. On notera aussi une charte de l’abbaye de Géronsart, avec la plus ancienne mention du pont de Sambre, en 1183, ainsi qu’un certificat venant de Corroy-le-Château, accompagnant une relique des croisades, en 1205.
N’y a-t-il pas un risque, de sortir des documents aussi anciens?
C’est plutôt l’inverse. Les plus anciens, ce sont des parchemins, fabriqués à partir de peaux d’animaux. Ils ne se dégradent pas. Ensuite, sont venus les papiers à base de chiffons, qui restent très stables aussi. C’est à partir du milieu du XIXe siècle qu’apparaît le papier à base de cellulose de bois, très acide, qui connaît des réactions chimiques. Leur conservation est plus problématique.
Et aujourd’hui?
La grande question est de savoir comment on va conserver les documents numériques, avec la disparition du recours au papier. On sélectionne les formats comme .tif ou .pdf, qui semblent plus stables.