Série d'été| Hallucinante réserve de champignons à l'UCL
La mycothèque de l’UCL conserve plus de 30 000 souches de champignon, soit la quatrième collection au monde. Découverte.
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Publié le 27-08-2015 à 08h29
L'université catholique de Louvain regorge de trésors dont la collection de plus de 30 000 souches de champignons filamenteux, levuriens et mycorhiziens à arbuscules, soit la quatrième plus grande collection au monde.
L'histoire de la mycothèque débute en 1892 à Leuven. En 1983, elle s'installe à Louvain-la-Neuve suite à la scission de l'université, l'entièreté de la collection est confiée à l'UCL. Désormais douze personnes y travaillent.
« Notre rôle est d'identifier, de conserver et de distribuer les souches de champignon. Celles-ci sont disponibles pour les chercheurs et les entreprises qui peuvent d'ailleurs venir déposer leurs propres souches. Nous avons aussi une mission d'enseignements », précise Stéphane Declerck, directeur de la mycothèque et responsable du laboratoire de mycologie.
Chaque année, des chercheurs de l'UCL partent en campagne pour ramener de nouvelles espèces – 15 à 20 sont découvertes par an – surtout provenant des forêts tropicales. « Dans la littérature, on estime qu'il existe 1,5 million de champignons. Mais c'est probablement 4 ou 5 millions. Or, on ne connaît que 150 000 espèces. C'est dire si le potentiel est important. » Car les champignons sont utilisés dans de nombreux secteurs : l'agroalimentaire (la bière par exemple), l'industrie pharmaceutique (dans la lutte contre le cancer notamment), le domaine environnemental (dont la lutte contre les polluants)…
Cryopréservation à -130°C
Dans de grands frigos où température et humidité sont contrôlées, les souches sont gardées dans de l'eau, dans de l'huile de paraffine pauvre en oxygène, elles sont aussi lyophilisées ou cryopréservées à -130°C. « On essaye que toutes les souches soient conservées selon les quatre méthodes. Avec l'eau et l'huile, la stabilité génétique n'est pas assurée : le métabolisme de l'organisme est ralenti. Avec la cryopréservation, on est sûr que le métabolisme est arrêté et théoriquement, on peut les conserver ad vitam. »
Cette méthode demande du savoir-faire. Il faut parfois plus de trois ans pour mettre au point la cryopréservation optimale d'une souche. « Le passage de l'eau de l'état liquide à solide est délicat. Il faut donc mettre au point la bonne descente en température. »
Dans un couloir, la mycothèque possède aussi un herbier de 40 000 spécimens à l'abri dans des armoires. « C'est un des plus beau d'Europe. Il permet d'identifier et de comparer les souches. »
Si ce patrimoine n'est pas en danger, à long terme, une incertitude plane, fait savoir Stéphane Declerck. « On est financé par la Politique scientifique fédérale (Belspo) qui est vouée à disparaître. Il faut que le politique continue à nous soutenir car c'est un patrimoine essentiel grâce auquel on peut découvrir de nouvelles applications et molécules. »
Contre le mildiou
Le mildiou s'attaque aux cultures de pommes de terre et de tomates. « En agriculture biologique, l'Europe ne veut plus du cuivre pour contrer le mildiou. Au laboratoire de mycologie, on étudie des souches de la mycothèque pour trouver une molécule qui remplacera le cuivre dans la lutte contre cette maladie », explique Stéphane Declerck, directeur de la mycothèque de l'UCL.
Protéger les abeilles
« Des fongicides sont utilisés pour détruire des champignons affectant les cultures. Mais ils détruisent aussi ceux de la flore intestinale des abeilles, les rendant plus faibles quand cela ne les tue pas. Nous étudions donc les conséquences de ces pesticides sur la flore intestinale pour signaler ceux qui posent problème. »
Contre les polluants
Des champignons dégradent le bois dans les forêts primaires. « Ce qui permet de recycler le carbone et de préserver la santé de la forêt. Mais les enzymes libérées par ces champignons permettent aussi de dégrader des polluants dont certains colorants. Voilà une autre utilisation qui peut être faite à partir des champignons. »
Protéger les arganiers
Dans les serres de l'UCL, une étude est en cours. De jeunes arganiers y poussent et certains champignons peuvent les aider à se protéger de stress comme la sécheresse ou les polluants organiques et ainsi améliorer leur croissance.
De la mérule ?
Pour voir si la mérule a attaqué une charpente ou un escalier par exemple, les particuliers peuvent apporter un échantillon de bois ou de papier peint au laboratoire. Cela peut être utile pour déterminer s'il y a ou non un vice caché.