Kosmopolite Art Tour (2/5): l’amoureux des rails et des gares
Rencontre avec les artistes du Kosmopolite Art Tour, à LLN : aujourd’hui, le Suisse Nadib Bandi, 35 ans. Le graffeur des voies ferrées.
- Publié le 05-08-2015 à 06h00
:focal(507x348:517x338)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AJIFJLJUPVHKPBB73GJ5V2BGTE.jpg)
Ce mardi matin, il est l’un des seuls artistes du Kosmopolite Art Tour (KAT) à avoir sorti les bombes, sous la pluie. Sur le grand escalier du quai n° 1 de la gare de Louvain-la-Neuve, son œuvre prend forme, petit à petit.

Nadib Bandi (nom d'artiste), 35 ans, est suisse. Cela fait 20 ans qu'il graffe. «J'ai rencontré l'organisateur du KAT à Dakar, au Sénégal, explique l'artiste. Je participe souvent à des événements et des festivals en Afrique pour faire connaître notre art. Et puis là-bas, ils n'ont pas d'a priori négatifs sur les graffitis. Pour eux, tu améliores leur espace urbain.»
Nadib Bandi, pour qui c'est la deuxième visite en Belgique, se sent pourtant comme un poisson dans l'eau. Ici, à la gare, entouré des trains et des rails. «Quand j'ai commencé en 1996, je graffais le long des voies ferrées, sans me tracasser à l'époque de savoir si c'était légal. J'ai toujours été inspiré par l'ambiance des gares et j'aime accompagner les gens tout au long de leur trajet.»
Peut-être parce que lui aussi est un grand voyageur. Nadib Bandi se rend souvent en Afrique, en Inde, en Algérie et aux Émirats arabes unis. «Le plus gai, dans ces pays, c'est qu'on peut faire un graffiti au milieu des dunes par exemple. Les décors sont différents. C'est fascinant», dit-il, une bombe de noir à la main.
Des couleurs et des visages
Son œuvre pour le Kosmopolite Art Tour, elle est abstraite. Pleine de couleurs, d'ambiances, de structures et de perspectives. La signification? «Purement émotionnelle. Ce sont les murs et le décor, avec le centre commercial en toile de fond, qui me donnent l'inspiration. Je laisse aux gens le choix de l'interprétation.»

À côté de ces courbes colorées, un visage en dessous de l'escalier. Son visage. «C'est un de mes amis bruxellois, que j'ai rencontré à Dubaï, qui est venu faire mon portrait, raconte Nadib Bandi. J'ai tenté ensuite de confondre ce visage avec les motifs abstraits de l'ensemble. Je laisse, en quelque sorte, ma marque à Louvain-la-Neuve. Je dis un peu aux passants: " Ne vous inquiétez pas, je garde un œil sur vous ". C'est un souvenir de mon passage. D'ailleurs, quand je voyage, je ne ramène jamais de souvenirs, j'en sème…»
Plus loin, l’artiste, qui décrit son style comme une fusion entre le constructivisme et la peinture abstraite, projette également de dessiner un autre visage, celui d’un ami suisse graffeur, décédé. Une sorte d’hommage que Nadib Bandi reproduit autour du monde.
