Dans le dôme du château d’Hélécine
Chaque jeudi de cet été, nous pénétrons dans un lieu interdit au grand public. Qu’y a-t-il dans le dôme du château d’Hélécine?
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Publié le 16-07-2015 à 06h00
Dans la salle d’apparat du château d’Hélécine, le regard ne peut s’empêcher de se porter vers le plafond du dôme orné de quelque 800 fleurs en stuc. Mais qu’y a-t-il au-dessus?
Pour le savoir, nous avons pris un escalier de service qui mène à une partie inoccupée du château du domaine provincial d’Hélécine. Éclairés par deux néons à la lumière impersonnelle, les lieux semblent en attente de revivre. Un nouvel escalier suivi d’une trappe nous attend pour arriver dans une pièce plus fantomatique encore. L’odeur y est typique: celle d’un vieux grenier poussiéreux et mal aéré. Des cadavres de pigeons jonchent le sol. Reste à franchir un étroit et bas escalier de pierre. Ce fin boyau oblige à monter courbé. C’est avec humilité que nous arrivons au-dessus du dôme intérieur qui culmine à 27 mètres de haut.
La charpente de chêne – issu d’arbres de la région – se dévoile enfin dans cet espace baigné par les rayons du soleil qui transpercent les œils-de-bœuf de la toiture. Un volatile prend brusquement son envol, autant surpris que nous de croiser un visiteur.
«La charpente est particulière. On croit qu'elle est posée sur le dôme mais en fait, c'est la charpente qui tient le dôme intérieur, un peu comme quand on soulève un enfant d'une main», explique Freddy Dorange, intarissable sur le domaine et que nous avons contacté une fois revenu sur le plancher des vaches.
Pour une question de dilatation, la charpente tient uniquement avec des chevilles en bois.
Nous empruntons une passerelle pour traverser le dôme. À droite, une échelle en bois, à gauche, une chaise qui se trouvent de façon incongrue sur le toit du plafond de la salle du dôme. Une double volée d’escalier permet d’atteindre la fenêtre de toit. Nous voilà à l’air libre sur la terrasse à balustrade en zinc qui forme le toit du dôme. Hauteur: 37 mètres.
La vue à 360° est imprenable sur le domaine et les alentours. Au centre, s’érige une antenne relais pour GSM. L’endroit a son utilité.
Nous ne savons pas si quelqu’un a levé les yeux sur le dôme tandis que nous y étions. Toujours est-il que ce dôme de style néoclassique n’est pas sans rappeler la coupole du château de Laeken. Pas étonnant: ils sont tout deux l’œuvre de l’architecte Alphonse Balat.
Le château a été bâti de 1762 à 1780 par Laurent Dewez à l'initiative des religieux pour reconstruire entièrement l'abbaye, le site étant occupé par des moines depuis 1129. Au départ des moines, le domaine passa entre différentes mains avant d'être racheté, en 1821, par le baron tirlemontois van den Bossche. «Il y a installé une distillerie pour créer de l'eau-de-vie à partir de pommes de terre. Sans succès. Il y a alors installé une sucrerie.»
Ne voulant plus que le bâtiment ressemble à une abbaye, le baron a fait appel, en 1870, à l’architecte Balat pour les transformations dont celui du dôme qui avait été touché par la foudre. Il est alors passé de 42 à 37 mètres de haut et acquis sa forme actuelle.
Désormais le domaine appartient à la Province qui en a fait un lieu touristique et événementiel.
Les quelques minutes de contemplation s’égrènent rapidement. Il est temps de redescendre et de sortir de l’édifice non sans passer par la salle d’apparat.