Daran, bouleversant de sincérité
Épuré dans sa formule, le concert de Daran, vendredi à Huy, a marqué l’homme d’une simplicité particulière le rendant touchant et précieux.
Publié le 23-03-2015 à 05h00
Erwan Erwan en première partie suivi de Sabino Orsini et puis… une attente longue de plus d’une heure. Daran s’est fait désirer vendredi à l’Atelier rock de Huy. Personne pourtant ne lui en tiendra rigueur, la raison du retard (un malaise de la graphiste) étant justifié et donc excusable. Là était l’amorce d’un set labélisé pop dans sa version chanson française.
Gens du voyage, premier titre directement puisé dans Le nouveau monde, à se procurer depuis octobre 2014, annonce un concert dépouillé et tout en retenue tandis que dessin et vidéo ajoutent au spectacle une dimension plurielle.
Cœur serré, timbre éraillé, l’homme, humain et précieux, donne de sa voix jusqu’à dérouler ce lien qu’il tisse avec une humanité qu’il sait malmenée. Ici, l’image et le son s’animent en écho sonore et visuel aux thèmes que le chanteur cristallise sur la toile. Mélancolie apaisée, douceur contemplative portent les mots puisés dans un quotidien qui n’est pas banal et qui révèlent, à n’en pas douter, le regard empli d’humanité du Québécois d’adoption.
Et défilent la route, les paysages tandis que se construisent des ébauches d’histoires tristes ou lumineuses, dessinées comme autant de clins d’œil bienveillants aux déplacés, amoureux transits, aux laisser pour compte aussi.
Simples mais travaillés, les morceaux s'enchaînent dans leur formule guitare acoustique, voix et harmonica puisés en grande partie dans son dernier opus. Ainsi le public hutois peut-il apprécier Gentil, Des portes ou encore, Tchernobyl et Mieux qu'en face, notamment.
Fans conquis sinon acquis à la cause de Daran, le public, indiscipliné parfois, se laisse bercer, fredonnant des airs connus, des refrains oubliés qui ne le sont plus tant… Et monte crescendo, un Dormir dehors, succès ancien après un très attendu À l'évidence, Olivia. Le bal des poulets avec son « Tic jour, tac nuit» poursuit la note en même temps qu'apparaissent en noir et blanc lignes et courbes animées sur la toile.
Sincère et émouvant, triste ou grave, Daran use de son grain vocal, bouleverse par sa prestation sobre, intense et lumineuse. Comme l'est aussi celle en retrait de Geneviève Gendron, graphiste acclamée par des « Merci Gene», héros de la soirée. Arrive enfin en rappel un «ancien nouveau morceau » Une sorte d'église, sublime d'économie et de paroles sincères. Mais néanmoins gâchées par quelques esprits peu respectueux avec, en représailles, dans le public un «Ta gueule!» mal placé. Dommage…