Étienne Hubin (photographe): "Les gens, c’est l’âme d’un pays"
Ni grand reporter, ni grand photographe, ni grand conteur, Étienne Hubin nous fascine par sa grande simplicité et ses belles rencontres.
Publié le 31-01-2015 à 05h17
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L'expo se tient ce week-end au Château de l'Ermitage à Wavre. On est mercredi en fin d'après-midi, les murs de l'Ermitage n'attendent qu'une chose, les photos d'Étienne Hubin. 54 photos pour être précis. 54 témoignages car les photos de ce quinquagénaire limalois parlent: «Je ne suis pas photographe. Pour moi, ce n'est pas la photo le plus important, c'est ce qu'il y a autour, c'est l'histoire qu'elle raconte. Je ne m'attarde jamais sur les monuments. Ce qui m'intéresse, ce sont les gens, ce sont les rencontres car je demande toujours la permission de prendre quelqu'un en photo.»
Étienne nous montre une photo prise sur la Colline de Sanchi en Inde. On y voit un vieil homme un linge dans la bouche: «Je lui ai parlé mais il ne répondait pas. C'est une autre personne qui m'a raconté sa terrible histoire: il a perdu toute sa famille lors de la catastrophe de Bhopal et depuis lors, il est ailleurs. Oui, on peut dire que cette photo illustre le drame de la pollution. C'est ça que j'aime faire.»
À bientôt 50 ans, l'homme estime que c'est le bon moment pour faire le point: «Cela fait 30 ans que je voyage et je pense avoir quelque chose à transmettre.»
Transmettre, laisser une trace, il l'a fait aussi au travers d'un beau livre de 192 pages où il rassemble photos, récits, billets d'humeur, poèmes… «On y retrouve qu'une seule photo d'Europe et elle a été prise à Étretat où l'on voit les falaises sous la brume. Je suis un fan absolu de Maupassant, ce qui explique la présence de cette photo.»
Népal, Inde, Cambodge, Syrie, Iran, Patagonie… Toutes des destinations qui le faisaient rêver quand il était enfant, toutes des destinations qu’il peut raconter aujourd’hui au travers de son objectif.
Une 2CV comme confidente
Cette envie de partir à la découverte de nouvelles contrées ne doit rien au hasard: «Mon père m'emmenait régulièrement dans les musées, ma mère m'a donné le goût à lalecture et le goût du voyage et c'est dans le grenier de ma grand-mère que je l'ai nourri. Il y avait une grande malle avec des livres et des lettres du monde entier. J'imaginais le trajet de ces timbres. Il y en avait un de Kampot au Laos. J'y suis allé avec le timbre que j'ai présenté au bureau de poste de la ville.»
Une petite histoire parmi des dizaines d'autres pour ce baroudeur qui ne pouvait que devenir professeur d'histoire – il enseigne au lycée Mater Dei à Woluwe-Saint-Étienne –: «Je voyage toujours seul et au départ, c'était en France puis en Europe avec une 2 CV qui était à la fois mon lit et ma confidente. Mon père était agriculteur et en voyage, j'ai souvent logé dans les fermes. C'est d'ailleurs là que j'ai très vite compris que ce sont les gens que j'avais envie de rencontrer et pas nécessairement les monuments. Les gens, c'est l'âme du pays. Les pierres, ça reste des pierres.»
Il est temps pour Étienne de préparer son expo. Il y sera présent tout le week-end. ¦