« Pas là pour le tuer », mais il le vole
Trois ans après la mort du garagiste remicourtois Cipriani, l’ancien apprenti a reconnu lui avoir volé de l’argent. Mais nie l’incendie volontaire et le meurtre.
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Publié le 13-01-2015 à 09h08
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Avec une voix difficilement audible et vêtu d’un costume noir sur une chemise blanche, Aythem Mannaï, un Français de 28 ans, se tient debout lorsqu’il évoque le jour du drame lors de son interrogatoire par le président de la cour d’assises de Liège Philippe Gorlé.
C'est dans le cadre d'un stage de formation de mécanicien de l'IFAPM que le jeune homme est engagé chez le garagiste Giovanni Cipriani, à Pousset (Remicourt). Mais l'employeur le licencie deux mois plus tard suite à ses absences et à son manque de régularité au travail. D'autres apprentis parlent de menaces. «Non, je ne l'ai jamais menacé.»
Le 16 décembre 2011, Aythem Mannaï se fait conduire par un de ses amis à proximité du garage Cipriani. Il s'y présente à l'heure de la fermeture «pour qu'il essaie de me reprendre», dit-il au juge d'instruction. Mais la soirée tourne au drame. «À peine entré, je me suis rendu à la réception où j'ai vu que le tiroir-caisse était ouvert , déclare-t-il à la cour. J'ai vu des pièces, je les ai prises. Je n'ai pas emporté de billets.» Trois ans après le drame, c'est la première fois qu'Aythem Mannaï reconnaît avoir dérobé des pièces de monnaie. Tout en en contestant avoir volé plus de 1300€.
S'ensuit une empoignade entre l'ancien apprenti et la victime. «Je lui ai justifié pourquoi j'avais été absent. Giovanni Cipriani s'est énervé quand on a parlé de mon licenciement. C'est lui qui a commencé à me frapper après que je l'ai insulté. Je suis tombé par terre. Je lui ai mis un coup pour me défendre. Il ne voulait pas arrêter. Je l'ai poussé, il est tombé. Je n'ai pas fait attention sur quoi il est tombé. Mais il ne bougeait plus. J'ai soufflé quelques secondes. J'ai vu des flammes et je suis parti.» Sans savoir s'il était vivant, dit-il.
Second rebondissement lorsque l'accusé évoque la cause de l'incendie. Lors de l'enquête, Aythem Mannaï a affirmé que Giovanni Cipriani avait bousculé un bidon d'essence et que l'incendie s'était ainsi déclaré. Mais Aythem Mannaï a modifié cette version des faits ce lundi. «Je suppose que l'incendie s'est déclaré accidentellement à cause du mégot de cigarette que j'avais jeté cinq minutes auparavant», expose-t-il. Chacun s'étonne de savoir la raison pour laquelle l'accusé n'a jamais fait cette déclaration. «Je suis une personne renfermée. Je garde toujours tout en moi.»
D'après l'enquête, le garagiste est encore vivant. Son corps calciné est découvert un peu plus tard. «Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas sauvé. J'avais peur. Je suis parti directement.»
L'accusé conteste avoir utilisé un objet contondant, comme un arbre à cames (une pièce de moteur), pour assommer la victime. Le président tente d'en savoir davantage en posant de multiples questions. Ainsi, pourquoi ne pas avoir vidé un extincteur pour éteindre le sinistre? Pourquoi ne pas avoir sauvé le garagiste? «Je ne sais pas», répond l'accusé, exaspéré par l'interrogatoire. Quid du sang de la victime découvert sur sa veste? «Je ne sais pas comment il est arrivé là. Sans doute est-ce dû à la bagarre.»
L'accusé livre un récit confus des faits. Le président s'étonne que l'accusé n'ait pas fait ces nouvelles révélations aux enquêteurs. «Je n'arrivais pas à parler à la police. J'avais peur.»