Patrick Bruel : "je pense que rien n'équivaut à Forest National"
À l’occasion de la sortie de son double CD et DVD « Live 2014 », Patrick Bruel était à RTL House mardi soir pour un concert ultra-intime réservé à 150 personnes. Nous avons profité de son passage, à Bruxelles, pour évoquer avec lui cette tournée d’un an et demi qu’il a bouclée, fin novembre, aux États-Unis.
- Publié le 10-12-2014 à 19h20

Après une tournée de 18 mois durant laquelle 800.000 spectateurs sont venus l’applaudir notamment en France eten Belgique,Patrick Bruel était de passage à Bruxelles,mardi, pour assurer la promotion de son double CD et DVD "Live 2014" (Sony Music), témoins de cette aventure gigantesque. "C’est sans doute ma plus belle tournée. C’est vrai que je le dis à chaque fois mais cette fois-ci, c’était quand même très particulier", nous confiait-il une heure avant de prendre place sur la petite scène, dans la salle de projection de RTL House.
En guise de cadeauà ses fans belges, un showcase d'une heure à la manière d'une veillée géante. Seul, guitare à la main face à 150 privilégié(e)s, le chanteur a repris quelques-uns de ses grands succès et des titres de son dernier album Lequel de nous, triple disque de platine en France.
Il a notamment proposé une reprise de "Salut les amoureux", un titre de Joe Dassin:
Entre les chansons, Patrick Bruel a profité de sa proximité avec le public pour plaisanteravec ses admiratriceset s'adresser à certaines d'entre-elles.
(*Ces émissions seront diffusées sur Bel RTL le 20 décembre de 14à 16h et le 1er janvier de 18h15 à 20h.)
À sa sortie de scène, le chanteur a eu bien du mal à quitter le bâtiment de la chaîne privée pourrejoindre sa voiture, de nombreuses fans souhaitant lui arracherune photo ou un autographe avant de le voir partir:
Nous avons profité dupassage de Patrick Bruel à Bruxelles pour évoquer avec luicette énorme tournée.
Après cette tournée d’un an et demi qui s’est clôturée en apothéose à Lille, à l’Albert Hall de Londres et aux États-Unis, est-ce que vous êtes rassasié?
Non, on n'est jamais rassasié. C’est vrai que cette tournée n’a pas voulu se finir. On aurait dû la terminer il y a bien longtemps mais on a dû aller jusqu’à Los Angeles pour se dire: "bon maintenant cava, c’est bon, il faut arrêter."On a toujours envie de prolonger le plaisir, de prolonger les sensations, de prolonger toutes ces rencontres et tout ce qu’il s’est passé. C’était assez inouï cette aventure qui n’a cessé de monter en puissance. Oui, j’ai envie d’encore plus ou peut-être envie de faire différemment. Là, par exemple, je prépare un spectacle à l’Opéra Garnier, un concert avec un orchestre symphonique.
C’est un rythme qui ne vous a pas éreinté?
Non, j'aime beaucoup. Mais là maintenant, je vais souffler un peu. J’ai envie de prendre du recul, de me ressourcer, d’aller chercher des nouvelles choses à raconter, des nouvelles sensations mais pour ça, il faut vivre des trucs.

Lille: l'apothéose?
Ca a été l'un des points importants, une manière formidable de clôturer la tournée française. Est-ce qu'on est monté aussi haut qu'au festival les"Vieilles Charrues"?Difficile à dire... mais c'était bien de terminer à Lille, c'était bien d'êtredans un stade toutseulpour une fois, c'était bien qu'il y ait TF1. Et surtout que tout se passe bien parce que j'ai eu peur avec cette histoire de captation télé. J'étais super angoissé qu'on m'annonce à 1h du matin qu'il y avait eu très peu de gens devant leur télé. J'aurais pas été bien.Ca m'a rassuré de voir qu'ils étaient 6 millions, ça m'a fait plaisir.
Dans le bonus du DVD «Making of Lille», on vous voit 24 heures avant, extrêmementstressé?
Ah, c’est sûr que je n’en menais pas large. J’étais angoissé de la première jusqu’à la dernière minute et je me disais: "Mon Dieu mais dans quelle galère on s’est mis. On va peut-être aller droit dans le mur."

L'Albert Hall de Londres: le rêve absolu?
Comme celui de tout artiste je pense. Cette date à Londres, c'était complètement fou. Je ne m'attendais absolument pas à ça, je ne m'attendais pas à autant de ferveur, à ce que Londres soit presque plus fou que Lille.

Les États-Unis, aussi intense que Londres?
J'ai surtout été surpris par le nombred’Américains qui sont venus me voir. Je pensais qu’il y aurait que des expats français. Mais non, certainsaccompagnaient leurs amis français et venaient me découvrir. Ils étaientnombreux, essentiellement à Boston et à Huston. Un soir, un Texan m'a dit:"Je n’ai pas compris un mot de ce que vous avez raconté mais je suis vraiment épaté de votre prestation.Vous allez tuer ce pays! Vous devez revenir, vous devez aller à New-York." Ils étaient hyper enthousiastes et ne s’attendaient pas du tout à ce qu’ils ont vu et entendu. Il faut croire qu'ily avait quelque chose de très universel dans ce spectacle.
Bruxelles en Bonus du DVD
Les concerts à Forest sortent à chaque fois du lot et je ne dis pas ça parce que je suis ici, en Belgique, puisque j’ai choisi d'y consacrertoute une séquence dans les bonus du DVD. Et si j'ai fait le concert finalà Lille, ce n’état pas innocent, je me suis mis dans le Nordparce que je voulais être proche de la Belgique. Je savais que les Belges m’étaient fidèles et que pour rien au monde, certains auraient raté cette aventure donc c’était pour moi une petite sécurité pratiquement.
En deux mots...
Pourquoi continuez-vous à «flipper» malgré le succès que vous connaissez depuis 25 ans?
J'appréhende toujours. Je me demande si j'ai donné le meilleur de moi-même, est-ce que j'ai bien préparé une tournéepar exemple. Puis je me questionne: "est-ce que les gens vont aimer ce que j'ai préparé?" Ils n'ont peut-être pas envie de fonctionner à ça, ni d'entendre ça. Peut-être que ce n'est pas ce qu'ils attendaient.
Des doutes malgré la fidélité du public qui est chaque fois de retour? Et qui vient parfois plusieurs fois sur une tournée?
Une fois qu’une tournée est partie, j’ai beaucoup moins peur. Mais je me dis toujours: "s’ils reviennent, c’est parce qu’ils étaient contents la fois dernière". Doncpour qu’ils reviennent la prochaine fois, il faut qu’il repartent contents cette fois-ci. Il faut qu’ils soient surpris, touchés et puis qu’on partage quelque chose. Certains sortent d’un concert en disant «Il faut le voir pour le croire», maintenant il y a le DVD pour le voir!
Est-ce que vous avez contribuéà la réalisation de ce DVD?
Oui bien sûr, énormément. Et il est très différent de ce que les gens ont pu voir à la télévision sur TF1 avec la retransmission du spectacle de Lille. Tout est remonté, ce n’est pas du tout la même chose. Il y a également pas mal de bonus, des séquences croustillantes tournéesen backstage (rires).
Des projets pour 2015?
Bien sûr, il y aura pleins de belles choses mais je ne peuxpas encore vraiment en parler. Écrire fait partie demes projets. Ça fait deux ans que Lequel de nous est sorti donc il ne faudrait pas attendre trop longtemps pour s'y remettre. Après, en tournée, c'est très compliqué de trouver le temps d'écrire. J'avais dit que j'écrirais 11 chansons, j'ai écrit 11 phrases!!
Les instantanés de la tournée
Le souvenir le plus mémorable?
Il y a eu des moments tellement forts dans cette tournée qu’il est difficile d’en extraire un.
Ça se bat entre le festival des "Vieilles Charrues", la surprise des roses à Bruxelles (cf plus bas) et l’ouverture à Lille.

Au festival des "Vieilles charrues", seules 20.000 personnes étaient venues pour me voir. Les 40.000 mecs qui sont venus voir Elton John et qui m'ont vu débarquer, il fallait les convaincre...! Moi j'étais blanc comme un linge. Mais je les ai pris à bras le corps au fil du concert, 10.000 par 10.000. Et voir les 60.000 personnes sauter en l'air au final sur "Casser la voix", c'était énorme.
À Lille, le souvenir le plus marquant est l'image de mon immense silhouette derrière cedrap blanc. C'est la première vision que j'ai eu en coulisses, j'ai failli m'évanouir! Parce qu'on n'avait pas eu le temps de le répéter. C'était vraiment impressionnant.
La plus belle surprise?
Sans hésiter, la surprise des roses blanches à Forest en juin 2013. Le fan club avait distribué des roses blanches en papier à tout le public…tout le monde l'a tendue vers moi en même temps sur unechanson,c'était absolument magnifique de là où j'étais. Tout ce que j'ai vécu en Belgique, de Bruxelles à Marche-en-Famenne,a été au-delà du réel.
La chanson que vous avez pris le plus de plaisir à interpréter?
Ca dépendait des soirs mais le final de Casser le voix était souvent un grand bonheur
Le public le plus chaud?
Je pense à pas mal de villes où ça a été complètement fou: Rennes, Marseille évidemment, mais je pense sincèrementque rien n’équivaut à Forest National. La configuratiuon des lieux fait qu'il y a une incoroyable résonance et une belle proximité avec le public. Ce public belge qui est si particulier et si fidèle.
Mon top 3:Forest National -Le Zénith de Lille -Marseille
Un flop?
Il y a eu deux trois concerts où la sensation a été moins bonne parce que nous on avons été moins bons. Sinon des incidents techniques, on en a eu pleins: des guitares qui jouent pas, le piano en panne, les lumières éclatées, tout. Il n’y a qu’à Lille qu’on a eu le miracle que tout afonctionné (rires)!
Le duo que vous avez préféré à Lille?
Ca va être moche pour les autres, (Ndlr: Maurane, Indila, Florent Pagny, Véronique Sanson...) je ne peux pas faire ça! On va dire: le premier que j’ai appelé pour m’accompagner en duo dans ce spectacle, c’est Jean-Louis Aubert. Ça n’aurait pas été lamême chosesans lui. J’ai adorétous mes duos mais celui avec Jean-Louis a été une véritable folie, j’étais comme un gosse sur scène.
