Faut-il s’inquiéter d'un accident nucléaire à Cattenom ?
Des victimes à Arlon, alors que Steinfort serait épargnée? Une prévention exagérée au Grand-Duché ou de l’inconscience du côté belge?
Publié le 01-12-2014 à 05h00
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Tous les résidents grand-ducaux ont dernièrement reçu un courrier du gouvernement pour les encourager à se rendre dans une pharmacie pour retirer une boîte de comprimés d'iodure de potassium. Cette lettre précise: «Le gouvernement a adopté un nouveau plan d'urgence en cas d'accident nucléaire. Ce plan prévoit entre autres, une distribution préventive gratuite de médicaments à prendre en cas d'accident nucléaire à Cattenom.»
Le retrait de cette boîte auprès d’une pharmacie de son choix est accompagné de la remise d’une brochure de 16 pages intitulée «Que faire en cas d’alerte nucléaire?». Cette brochure, très didactique, explique au citoyen le fonctionnement d’une centrale, lui donne les recommandations à suivre en cas de dispersion et décrit les différentes mesures de protection prévues par les autorités luxembourgeoises, ainsi que les comportements à adopter en cas d’accident nucléaire grave. Deux phases distinctes seraient déclenchées, une phase dite de menace (en cas de rejet possible mais non imminent) puis une phase de rejets, en cas de contamination imminente d’un nuage radioactif sur le territoire luxembourgeois.
Pas de panique chez les citoyens
L’envoi de ce courrier aurait pu déclencher une grande inquiétude. L’accident majeur tant redouté est hautement improbable, mais le risque zéro n’existe pas. Pourtant un mois après le lancement de cette campagne de prévention, on ne peut pas dire que le citoyen a vraiment été sensible au problème. Dans le nord du pays, à Clervaux par exemple, seuls 4% des résidents se sont déplacés pour retirer la boîte de médicaments, alors que la région frontalière proche de Cattenom est évidemment plus sensibilisée (50% à Mondorf-les-Bains et 25% à Esch-sur-Alzette).
Quid du côté belge?
Un nuage radioactif ne s’arrêtant évidemment pas aux postes frontières, cette campagne de sensibilisation grand-ducale pourrait inquiéter les populations belges. Celles-ci sont sujettes aux mêmes risques et a priori ne disposent pas de toutes ces informations. Pourtant, l’AFCN (Agence Fédérale belge pour le Contrôle Nucléaire) édite elle aussi une brochure qui présente un plan quasi similaire à celui du Grand-Duché. La distribution des comprimés d’iode de potassium est gratuite pour ceux qui habitent à moins de 5 kilomètres d’une centrale nucléaire et l’Agence affirme que les stocks dans les pharmacies seront suffisants en cas de nécessité.
N’imaginons pas le pire, mais dans un cas très improbable mais plausible d’accident, ce serait la ruée dans les pharmacies.
L'iodure de potassium, mode d'emploi
Notre corps est soumis naturellement et quotidiennement à un rayonnement radioactif invisible. Ce rayonnement est inoffensif car la dose est très faible.
Lorsqu'on se trouve à l'extérieur lors du passage d'un nuage radioactif, on inhale de l'iode radioactif en quantité importante, celle-ci se concentre alors dans la thyroïde. Le fait de prendre des comprimés d'iodure de potassium interrompt l'absorption par la thyroïde et l'irradiation est fortement réduite. Une irradiation importante peut entraîner des dommages corporels graves à très court terme. À plus faible dose, des effets pervers (notamment une augmentation des probabilités de maladies cancéreuses) peuvent se faire sentir de nombreuses années plus tard et même être la cause de malformations congénitales.
La protection contre les rejets radioactifs est nulle quand l'individu est exposé à l'extérieur. Elle sera plus de dix fois supérieure dans le cas où on peut se calfeutrer à l'intérieur d'une maison, après avoir fermé portes, fenêtres et volets.
Il faut arrêter le chauffage, la climatisation puis s'installer et séjourner dans les pièces inférieures, caves ou rez-de-chaussée. La prise de comprimés d'iode de potassium, tout particulièrement pour les enfants en très bas âge, est essentielle. La troisième priorité concernera l'alimentation: il faudra bannir tous les produits frais qui auraient pu être contaminés (fruits, légumes, bétails) et se rabattre sur les conserves et les produits surgelés.Ces recommandations limiteront les effets des radiations de manière importante.