Vous zappez de plus en plus entre modes de transports mais aimez toujours autant votre voiture
Le Bruxellois zappe de plus en plus entre la STIB, la voiture et la marche pour se déplacer. Cette intermodalité gagne du terrain dans la capitale même si la voiture, dopée par le boom démographique, reste très répandue.
Publié le 12-11-2014 à 18h27
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Bruxelles et ses voitures. Bruxelles et ses métros. Bruxelles et ses trams. En résumé, les choix que l’on estime généralement les nôtres pour nous déplacer à Bruxelles. Pourtant, le troisième cahier de l’Observatoire de la Mobilité en Région bruxelloise présenté ce mercredi 12 novembre prouve que vous optez aussi pour le vélo et la marche à pied (surtout). L’étude, basée sur des chiffres de 2010, prouve que l’intermodalité entre ces différentes options est en hausse. Le ministre de la Mobilité Pascal Smet (sp.a) veut encore l’améliorer.
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1°) La voiture domine, la marche grapille
Si la voiture se taille la part du lion dans les déplacements vers ou depuis la Région de Bruxelles-Capitale (graphique 1), son moteur toussote un peu au sein des 19 communes. Ainsi, c’est la marche qui est désormais la plus citée par déplacements comme en terme de tronçons (graphique 2).
Surtout, la marche est bel et bien le mode de déplacement principal (avec lequel on effectue la plus grande distance sur un trajet donné) le plus souvent utilisé par les Bruxellois (mesure 3), même si la voiture (48%) puis les transports en commun restent prépondérants quant à leur contribution à la distance totale du trajet quand celui-ci s'allonge (mesure 4).



2°) Le profil multimodal gagne du terrain
Aujourd'hui, 82,2% des Bruxellois ont un profil multimodal. L'intermodalité des modes de transports gagne du terrain à Bruxelles: c'est le principal apport de ce nouveau coup de sonde. En gros, ça signifie que vous zappez plus fréquemment de la voiture au métro ou du tram au vélo qu'auparavant. Cette caractéristique ne concerne pas nécessairement un unique trajet, mais peut signifier que vous choisissez l'un ou l'autre mode de déplacement en fonction des besoins.
Dans le même mouvement, les habitudes monomodales sont en perte de vitesse: de 58% des Bruxellois en 1999, vous n'êtes plus désormais que 51% à n'utiliser qu'un mode de transport. Et là, c'est l'usage exclusif de la voiture qui ralentit le plus (-11,3 points) alors que transports publics (+6,3 points) et vélos (+1,8 point) augmentent. La voiture comme mode exclusif de déplacement passe de 51,7% en 1999 à 30,9% en 2010.
On observe enfin que le mode dominant varie fortement selon la distance. ce n’est pas une surprise. Les déplacements inférieurs à 3km sont souvent réalisés à pied, ceux entre 3 et 7km avec la STIB, ceux entre 7 et 37km en voiture et enfin, au-delà de 37km, c’est le train qui est le plus souvent utilisé.
3°) La STIB pour aller travailler
L’Observatoire de la Mobilité observe aussi les modes de transports utilisés par les Bruxellois pour aller travailler. Là, c’est la STIB qui embarque le plus de voyageurs vers leur lieu de travail (40%), même si marche et voiture peuvent prendre le relais quand vous passez par l’école déposer les enfants (par exemple). Pour revenir du travail, la proportion d’utilisateurs de la STIB tourne aussi autour de 40% (39% en trajet direct, 42% en indirect).
Quid les jours où vous n’allez pas travailler? Là, c’est la voiture qui prend assez largement le dessus. La marche grignote là aussi des parts sur la STIB, que le Bruxellois semble un peu bouder lorsqu’il ne travaille pas.

«Moi aussi, j’utilise la voiture»
«4 Bruxellois sur 5 sont multimodaux. Ça promet vraiment pour l’avenir». Pascal Smet, Ministre bruxellois (sp.a) de la Mobilité se montre positif face aux enseignements de l’Observatoire de la Mobilité. Mais il retient aussi que les voitures bruxelloises restent immobilisées 98% de leur durée de vie et que 3 Bruxellois sur 5 n’ont pas de vélo. «Ce sont deux données sur lesquelles il faut travailler», assure Smet.
1°) Transports en commun
Pour encourager l’intermodalité, en laquelle il croit, le ministre répète donc que l’accord de gouvernement prévoit 40 millions de plus pour la STIB. En ligne de mire donc: «les trams 9, 94, 71, la tramification vers Tour & Taxis et le métro Nord-Sud».
2°) Vélo
Smet veut aussi développer l’usage du vélo. «Il ne suffit pas de dire que le vélo, c’est bien. Il faut donner des arguments. Par exemple, que le vélo, au-delà des bénéfices pour la santé et les liens sociaux, fait gagner du temps. Ce qui est tout à fait vrai. Les gens ont encore trop peur d’utiliser le vélo et il faut les convaincre». Smet avance donc prudemment son intention d’augmenter les pistes cyclables. Et évoque un bouclage total de la Petite Ceinture. Il parie aussi sur la démocratisation du vélo électrique pour booster le mouvement.
3°) Carsharing
Le car-sharing est la solution avancée par Smet pour faire diminuer la part des voitures immobilisées dans nos rues. «On a des contacts avec Cambio et Zen car pour avancer», assure-t-il. Au-dela du partage du véhicule, Smet parie surtout sur le partage du trajet: le «ride-sharing». «Des solutions comme celles imaginées par Uber sont donc à creuser». Même si l’application américaine reste actuellement illégale à Bruxelles.
4°) Espace public
«C’est tout le partage de l’espace public qu’il faut revoir», appuie Smet. «Car pour l’instant, Bruxelles est surtout une ville pour la voiture, et pas une ville pour tout le monde». Le démantèlement du viaduc Reyers est dès lors une première pierre symbolique. «Mais il y aura d’autres surprises».
5°) Voiture
Enfin, le Ministre veut en finir avec la diabolisation de la voiture. «Je ne suis pas contre la voiture. Moi aussi, je l’utilise quand j’en ai besoin. Mais plutôt que de rester la seule solution, la voiture doit s’intégrer dans la multimodalité». Smet reconnaît cependant les dialogues épineux avec le fédéral et les autres régions, concernant par exemple la fiscalité des véhicules d’entreprise ou une possible vignette d’entrée dans Bruxelles. «Reste qu’il ne faut surtout pas punir ceux qui n’ont pas d’alternative».