La Curieuse Neus, nouvelle bière bruxelloise, débarque en stoemeling
Bruxelles ne compte que deux brasseries. Trop peu pour l’autoproclamée «capitale de la bière», non? C’est l’avis de Denys et Sam, deux ketjes qui lancent la Curieuse Neus, première création de la brasserie «En Stoemelings».
Publié le 21-10-2014 à 13h42
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Elle a ces reflets cuivrés typiques des triples belges, un nez de fruits exotiques, une rondeur certaine dans son verre ballon et la petite amertume en longueur de bouche, histoire de nous donner envie d’y revenir: la Curieuse Neus vient d’apparaître dans le paysage brassicole bruxellois. Une naissance en toute discrétion puisque cette microproduction locale n’est disponible que dans un seul bar.
D’où le nom du projet, «En Stoemelings»? Pas vraiment: ses deux jeunes fondateurs (24 ans chacun) ont de l’ambition pour ce qui reste aujourd’hui la 3e brasserie bruxelloise «seulement», aux côtés de Cantillon et de la Senne. On les rencontre au Schievelavabo, le premier réceptacle de leur création, dans les arômes de banane de leur Curieuse Neus.
Denys Van Elewyck et Samuel Languy, vous brassez la Curieuse Neus depuis mai. Et à Bruxelles! C’est courageux, de lancer une bière artisanale dans une ville où l’offre déborde déjà?
Dans tous les guides touristiques, Bruxelles est présentée comme la capitale de la bière. Mais selon nous, cette réputation est un peu surfaite. Il n’y a que deux brasseries établies dans la Région. Nous, on veut revivifier cette image en réinventant la brasserie de quartier, qui a disparu avec l’industrie.
La bière artisanale souffre face à l’industrie?
Disons surtout que la bière souffre encore trop d’une image populaire éculée. Vous savez, cette idée que le vin est digne des grands restos et que la bière est juste bonne pour le peuple qui va au foot. Or la bière, c’est des milliers de possibilités et une grande latitude créative.
Pourtant, la Curieuse Neus reste très «classique».
L’objectif, c’était de ne pas «perdre» notre client dès sa première gorgée. Cette première cuvée se base donc sur une triple typiquement belge. On ne voulait pas innover, mais être bon.
Vous pariez donc sur le local.

Malt belge, houblons belges et production locale, oui. On insiste: Bruxellois depuis toujours, on veut le rester. produire nous-même et si possible, s’installer durablement à Bruxelles. On devrait bientôt se tourner vers le crowdfunding pour s’installer dans un local près du centre nous permettant de décupler la production à 25 hectolitres par mois.
Vous jouez la transparence et indiquez les houblons employés. Le houblon belge, c’est faisable?
Disons que la demande est grande alors que la production reste faible. Mais vu notre petite taille, on peut se le permettre. Nous utilisons 20 grammes de houblon pour 25 litres. Nous avons choisi les houblons cascade et target. Le premier, tout en étant amer, est très aromatique: il fonctionne un peu comme une huile essentielle. Le second détient un très fort potentiel amérisant, ce qui nous convient bien.
On ne vous trouve qu’au Schievelavabo de l’Altitude 100, une brasserie bien connue du haut de Forest. Pourquoi?
On n’a pas envie de se retrouver en supermarché. Pour nous, une bonne bière de dégustation, ça se boit au café. Il fallait aussi trouver un endroit bien «brusseleir» assorti à notre image, avec un côté relax et patrimonial. Enfin, on préfère une relation de confiance étroite avec un bar qui nous pousse un peu plutôt que de vendre un bac par mois partout dans Bruxelles. D’ailleurs, ici, ça marche du tonnerre. Avec 160 bouteilles produites par semaine, on a du mal à suivre.
Vous avez d’autres recettes en tête?
On teste déjà notre deuxième bière, qui devrait être très différente. L’objectif, c’est de tabler sur 4 ou 5 types-phares pour créer une belle carte tout en injectant des rotations exceptionnelles comme des bières de saison ou de Noël. Mais on ne brassera pas du lambic demain, même si c’est un rêve.
Quand allez-vous coller des étiquettes?
JAMAIS! On va garder notre système de carte attachée au col de la bouteille avec une cordelette pour garder notre petit habillage différent. On le fabrique nous-même, avec notre perforatrice. C’est fait maison, comme notre bière.

Diplômés mais désœuvrés
Brusseleirs pure gueuze, Denys et Sam sont amis d’enfance. Ils «traînent ensemble» depuis le secondaire. Mais ce sont surtout les aléas de l’entrée dans la vie professionnelle qui les ont poussés vers la haute fermentation.
Après des études en archéologie, Denys reste sur le carreau. «On n'embauche pas dans la culture», rit-il jaune. Pas rassuré par le climat économique ambiant, le ket se lance pendant un an dans une formation en brassage à l'Institut Meurice. «Je brassais chez moi en dilettante et je voulais pas perdre une année avec mon stage d'attente». Le petit chimiste du duo, c'est lui, garant de la stabilité de la teneur en mousse et de la pétillance de la Curieuse Neus.
Cuisine partagée

Sam aussi souffre des difficiles premières années de boulot. «Après deux ans en Inde pour ma formation, je deviens game designer dans la production de jeu vidéo, à Mons. Mais j’ai perdu mon emploi. J’ai donc filé un coup de main à Denys et, très vite, on s’est associé». En plus de son aide pour la production, Sam utilise aussi ses connaissances en nouvelles technologies pour promouvoir leur bière. Interviews, rendez-vous, marketing: c’est sa mission.
Les deux potes brassent actuellement dans une cuisine partagée. «Il fallait des salles chaudes et une chambre froide sinon, chez toi, tu monopolises le frigo pendant 2 mois». Mais ils envisagent plus que deux brassins par semaine. D’où leur envie de pousser leur nez ailleurs.
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