Vincent, minutieux sculpteur de violons (photos)
Vincent Degrande est luthier à Namur. Sa spécialité: les violons et tout le quatuorà cordes. Il vientde lancer son activité.
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Publié le 10-10-2014 à 07h54
Lorsqu'il s'est lancé voilà un mois, tout le monde l'a pris pour un fou. «J'avais un boulot à mi-temps dans un magasin de musique à Bruxelles. Les gens ne comprenaient pas que je quitte. Tout le monde m'a dit: ne fais pas ça !»
Pourtant, pour ce jeune homme originaire d'Hemptinne (Florennes), c'était une évidence. «J'en avais marre de vendre des instruments chinois, des violons à 100 euros. J'avais envie de revenir à quelque chose de vrai, de plus local.»
Travailler le bois, Vincent Degrande a toujours aimé. «Petit, j'avais un voisin qui jouait du violoncelle. Je trouvais ça beau. À 12 ou 13 ans, je découpais déjà des planches de bois à la scie sauteuse dans le garage. Je faisais des contours de guitare.»
Aujourd'hui, Vincent a son propre atelier. Un rez-de-chaussée avec une vitrine, rue Dewez à Namur. «Il n'y a plus de magasin de musique dans le centre. C'était le moment de se lancer. J'ai choisi le mois de septembre pour coller avec les rentrées académiques.»
Ici, Vincent fait tout de A à Z. La découpe du bois, le montage, le vernissage. Un travail minutieux, de précision. Qui prend du temps. «Pour faire un violon neuf, il faut compter un mois de travail à temps plein. Pour un violoncelle, environ deux mois. Pour une guitare, c'est un peu plus rapide, car l'instrument est plat. Contrairement au violon qui est bombé. Le violon, c'est un travail de sculpture», précise-t-il. Une tâche qui demande concentration et patience, calme et persévérance. Un boulot qui convient parfaitement à cet artiste. «Je travaille à partir des techniques italiennes du XVIIe siècle. Des techniques que j'ai apprises et que je maîtrise. Une méthode de travail très structurée.»
Bientôt une boutique?
Pour un violon neuf chez Vincent Degrande, il faut compter environ 5 000 euros. «Les matériaux coûtent chers, c'est vraiment de l'artisanat. Il faut établir une relation de confiance avec le client qui ne me connaît pas», explique-t-il. Même le verni est fait maison. Avec de savants mélanges et des ingrédients spécifiques.
Pour ce joueur de violoncelle, à ses heures, un instrument n'est jamais vraiment terminé. «C'est une belle satisfaction d'arriver au bout, c'est une fierté. Mais, il y a toujours du travail. Il faut trouver la meilleure sonorité, les meilleures cordes. Beaucoup de gens ont une idée romantique du métier. Dans la réalité, ce n'est pas si romantique que ça. C'est un métier physique qui peut aussi être frustrant. Lorsqu'on rate un verni par exemple ou que la couleur ne nous plaît pas. J'aime le travail bien fait, je suis un perfectionniste.»
Régulièrement, Vincent suit des formations. Pour lui, on n’est jamais au bout de l’apprentissage.
Outre la vente de violons neufs, sur commande, Vincent loue et répart aussi des instruments anciens, qu’il revend ensuite.
À terme, Vincent espère pouvoir vivre des instruments qu'il fabrique. «J'espère développer et monter progressivement.» Plus tard, l'atelier pourrait devenir une petite boutique. «J'ai déjà un réseau de contacts, mais je suis conscient qu'il faut que je prospecte sérieusement pour me faire connaître en Belgique et à l'étranger. Je dois voir large, bien au-delà de Namur, si je veux en vivre.»
VITE DIT
Formation
Vincent Degrande a suivi une formation au conservatoire de Gand durant cinq ans, dans la construction des instruments du quatuor à cordes (violons, altos, violoncelles).
Fabrication, réparation
Outre la fabrication de violons, d'altos, de violoncelles et de guitares, Vincent Degrande répart et loue des instruments. «Il faut bien vivre», confie Vincent Degrande. Actuellement, l'atelier est ouvert de façon libre le mercredi et le samedi. Le reste du temps, il faut prendre rendez-vous.