Anaïs reste introuvable après 16 mois (Vidéo et carte)
À nos frontières, l’enquête après la disparition d’Anaïs Guillaume en avril 2013 s’oriente de plus en plus vers la piste criminelle.
- Publié le 21-08-2014 à 08h41
Ils ont eu beau relancer un appel à témoins au printemps dernier et amener des chiens policiers sur une terre agricole du principal suspect, les enquêteurs français en charge de la disparition inquiétante d’Anaïs Guillaume, 21 ans, cherchent toujours.
La jeune ouvrière agricole frontalière, habitant Blagny, à côté de Carignan (F), n’a plus donné de signe de vie depuis sa disparition la nuit du 16 au 17 avril 2013.
Après avoir presté 2 mois comme intérimaire chez Ferrero à Arlon, la jeune Française poursuivait son apprentissage à la ferme d'un certain P., à Fromy, près de son domicile, pour y obtenir un CAP d'agricultrice. «C'était sa passion, elle avait deux chevaux. Elle voulait gérer une exploitation agricole», confie son papa, Fabrice.
La journée du 16 avril 2013, Anaïs la passe d’ailleurs à une cinquantaine de km de là, à Sorel, à côté de Charleville, là où P. possède une autre exploitation. Ce monsieur P., la quarantaine – nous occultons son nom car cette personne n’est en rien inculpée à ce stade de l’enquête et est a fortiori présumée innocente – avait accueilli Anaïs dans sa ferme dès 2011 pour sa formation agricole.
P. a entre-temps perdu son épouse, décédée tragiquement lorsqu’une vache l’a écrasée lors d’une traite le matin. Ce fermier est un important agriculteur de la région et est père de deux enfants.

Disparue au milieu de la nuit
L’enquête révèle qu’Anaïs a entretenu une relation intime avec cet agriculteur. Une liaison ambivalente, dans le style «Je t’aime moi non plus»… Ils se quittaient quinze jours puis renouaient des liens.
En 2012, victime de coups de la part de P., Anaïs Guillaume a même porté plainte à la gendarmerie. Mais cela n’a pas empêché la jeune femme de renouer sentimentalement avec son «maître de stage», tout en amorçant une relation avec un ami plus jeune, depuis mars 2013.
Le jour de sa disparition en tout cas, les parents d’Anaïs savaient qu’elle avait travaillé la journée pour le compte de P. , mais ignoraient qu’elle continuait à entretenir une liaison plus privée avec celui-ci.
La seule personne qui affirme avoir vu Anaïs pour la dernière fois est donc P., l’agriculteur de Fromy. Celui-ci avance qu’Anaïs a passé la soirée et une partie de la nuit du 16 au 17 avril avec lui, mais que vers 4h30 du matin, il s’est réveillé et s’est rendu compte qu’elle était partie avec sa voiture.

Ce véhicule d’Anaïs, une Toyota Starlet Blanche, a été retrouvé trois jours plus tard dans les bois de Chameleux, à côté de Florenville. La voiture était calcinée et plus aucun objet n’était apparent à l’intérieur.
Dès le mois de mai 2013, la section de recherches de la gendarmerie de Reims a mené des perquisitions dans la ferme de P., à Fromy. Des fosses à purin ont été examinées, mais sans avancée pour l’enquête.
Depuis lors, courageusement, les parents d’Anaïs, Fabrice et Valérie Guillaume, assistés de nombreux amis et policiers, n’ont cessé d’arpenter la campagne de Carignan jusqu’à Muno et Florenville. Mais sans le moindre indice à ce jour.
L’enquête vers un nouvel élan
En avril dernier, l’espoir est revenu dans la famille Guillaume en apprenant que des chiens policiers sondaient la parcelle d’un champ à côté de la ferme de P., à Fromy. Ces nouvelles investigations n’ont rien donné, de même que des témoignages récoltés lors d’un nouvel appel à témoins.
Mais d’après nos infos, la juge d’instruction de Charleville en charge de l’enquête et le parquet auraient l’intention de donner une orientation plus criminelle au dossier initial de «disparition».
Cela permettrait aux gendarmes de disposer de moyens d’investigation accrus pour découvrir, on l’espère enfin, la vérité.
+ Tout témoignage peut toujours être apporté à la gendarmerie française au 0033 629 62 13 59 et 0033 324 22 09 22
Une famille qui souffre d’attendre

Fabrice Guillaume, cela doit être terriblement éprouvant pour votre famille (ils ont encore deux fils de 26 et 17 ans) de ne toujours pas savoir ce qu’il est advenu de votre fille, depuis tant de mois?
Mon épouse, qui est auxiliaire de soins à Carignan, a dû arrêter son travail tellement elle n’en pouvait plus. Elle essaye de redémarrer. C’est extrêmement difficile. On souffre tous. Mon fils aîné était très proche de sa sœur. Moi, je me suis beaucoup investi dans les recherches, mais j’ai craqué aussi. Je ne dormais plus la nuit et n’arrivais plus à faire la route jusqu’à mon travail au Grand-Duché. Maintenant, j’ai repris.
Malgré le temps qui passe, vous gardez toujours confiance dans l’enquête judiciaire?
On veut savoir ce qui s’est passé. Je vais vous étonner, mais j’ espère encore revoir ma fille vivante! Je ne veux pas m’y résigner. Vous savez, Anaïs, c’était un caractère fort. Elle n’avait peur de rien. Ce soir-là, elle aurait dû dormir chez nous, à Blagny. Quand elle dormait ailleurs, elle nous envoyait toujours un texto, et cette fois-là on n’a rien reçu. Parfois, elle m’envoyait des messages même en pleine nuit.
Vous espériez beaucoup quand la gendarmerie française a mené de nouvelles fouilles dans un champ de P., à Fromy, en avril dernier?
Oui, mais à mon avis, ils n’ont pas sondé la bonne prairie! Il fallait chercher en priorité dans un champ de maïs, que P. a labouré à la hâte en avril 2013, juste après la disparition d’Anaïs.
Votre sentiment personnel?
Pour moi, il y a 99% de chance qu’elle est morte à la ferme de P. Elle n’a pas disparu volontairement. Il n’y a eu aucun mouvement sur son compte bancaire depuis sa disparition. Pourquoi aurait-elle brûlé sa voiture de cette façon, en Belgique?
Vous continuez à bénéficier du soutien de réseaux d’amis?
Oui, cela fait du bien. Des personnes viennent toujours nous rendre visite à moi et mon épouse, à nous téléphoner. Nous continuons d’afficher la photo d’Anaïs, de diffuser sa disparition via Facebook. On veut savoir ce qui est arrivé à notre fille.