Les bouchers venaient y boire leur goutte
Le café des bouchers est aujourd’hui le plus vieux café de Wavre. Fondé en 1929, il accueillait les bouchers avant qu’ils n’aillent à l’abattoir, juste à côté.
Publié le 16-08-2014 à 06h00
Au-dessus de la porte d’entrée, la tête de bœuf sur les vitraux rappelle que le café des bouchers fut, en son temps, un lieu de rassemblement pour les marchands de bestiaux.
Et pour cause, l’établissement, fondé en 1929, est situé avenue des Princes, juste à côté des anciens abattoirs de Wavre, fermés il y a une quinzaine d’années, rasés et transformés aujourd’hui en immeubles à appartements.
«On y venait boire la goutte, vers 6h30 du matin, ou une bière dans mon cas, avant d'aller à l'abattoir, se souvient «Copain Roger» ou «Roro», ancien boucher de 73 ans. Qu'est-ce que vous croyez, il n'y avait pas d'alcootest à l'époque!»
Dans ces années-là, les marchands concluaient leurs affaires autour d’un verre et les autres venaient y chercher un peu de motivation pour la journée.
Dans le plus vieux café de la cité du Maca, aujourd’hui, les choses ont bien changé. Sauf peut-être la façade et ses vitraux, ainsi que ses boiseries intérieures, l’ensemble étant classé.
Pas beaucoup de femmes
Si quelques anciens bouchers et les habitués viennent encore boire l'apéro, les clients se font de plus en plus rares aux tables du bistrot. «L'interdiction de fumer a fait beaucoup de mal à l'Horeca», regrette Alex Hallet, patron du café depuis six ans.
Le Wavrien a repris l'affaire en 2008 aux mains d'André Splinglaire, dans les murs depuis plus de trente ans. «Je n'avais plus de boulot à l'époque. Je connaissais déjà bien l'endroit puisque j'y étais client.»
Aujourd’hui, les clients du café des bouchers sont des habitués du coin, tous âgés entre 40 et 80 ans.
«Nous avons une clientèle du matin, une de l'après-midi et une du début de soirée, explique l'homme de 46 ans, tout en servant des bières. Il n'y a pas beaucoup de femmes par contre. C'est surtout un café de copains.»
Josée, dite «Jojo», doit être l'une des seules exceptions. Assise au comptoir, la concierge de 60 ans déguste tranquillement sa Hoegaarden rosée. «Je viens de temps en temps. C'est un peu une famille ici. Les gens sont sympathiques et l'ambiance est conviviale.»
L’ensemble des surnoms que les clients se donnent sont d’ailleurs les témoins de cette convivialité.
Les portes fermées à 20 h
Michel, ou «Chimel», 54 ans, lui, passe régulièrement depuis que son café à Basse-Wavre a fait faillite, en novembre dernier. «Je connais tout le monde. J'aime venir faire une partie de cartes. C'est un café tranquille avec des gens raisonnables, qui travaillent… pas comme certains sauvages du centre-ville!»
Du lundi au samedi, le café des bouchers ferme ses portes à 20het le dimanche à 14 h.
«C'est encore un bistrot où l'on peut rigoler», intervient Pitou, jardinier à la retraite. À 71 ans, l'homme vient prendre l'apéro tous les jours. «Ici, c'est un vrai café, comme il en existe plus beaucoup», dit-il en sirotant son Ricard.