Grez-Doiceau: à 17 mètres sous terre
À Grez-Doiceau, se trouve une ancienne carrière de craie où désormais De Watergroep capte de l’eau. Descente dans les entrailles de la terre.
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Publié le 14-08-2014 à 06h00
Chaussée de Jodoigne à Grez-Doiceau, une petite bâtisse de briques rouges semble perdue en bord de route. Derrière sa porte verte se cache l’entrée d’une ancienne carrière de craie où se trouve désormais un captage d’eau exploité par De Watergroep. Casques de chantier sur la tête, nous descendons dans les entrailles de la terre…
«J'ai averti nos services que nous descendions. Si dans deux ou trois heures, nous ne donnons pas de nouvelles, ils viendront sur place», explique Tom Diez, responsable des captages au sein du Watergroep.
C’est par une ancienne bouche d’aération que l’entrée dans la carrière s’effectue. Après avoir descendu quatre volées d’échelles et quelques marches de béton, nous voici à 17 mètres de profondeur, accueillis par une Sainte Vierge sous verre installée dans une alcôve à côté d’un fer à cheval. Température, 10 à 12° C.
Dans les craies du crétacé
Nous entrons dans un monde obscur auquel seule la lumière rend sa blancheur. Les parois sont encore marquées par les coups des extracteurs de craie. Après avoir parcouru quelques mètres dans les galeries de la carrière creusées dans les craies du crétacé supérieur (plus ou moins 65 millions d’années, du temps donc de la fin des dinosaures sur terre), à une jonction entre différentes galeries se trouve le captage d’eau, enfermé entre quatre murs maçonnés.
Marcher sous le «hardground»
Sur les murs de la galerie jouxtant le captage, on aperçoit des graffitis laissés par des ouvriers dont un clame son amour à une certaine Marya en lettres rouges.
Les deux géologues avec lesquels nous sommes sont transportés par la carrière qui regorge de tant de mystères. D'où vient l'eau? Le sol sur lequel on marche ne présente des flaques qu'à un seul endroit et il ne pleut pas sur nos têtes. «L'aquifère crayeux étant recouvert de terrains argileux très peu perméables, cela signifie donc que la nappe serait plutôt alimentée horizontalement par l'infiltration latérale de l'eau à travers les fractures et les pores de la craie», avance Marc Drèze, attaché de direction à la Société wallonne des eaux.
Chose rare, on ne marche par sur mais bien sous le «hardground», une couche très dure formée ici d’un conglomérat de calcaire silicifié jaune à nodules phosphatés.
On ne sait pas non plus combien de temps met l'eau pour s'infiltrer. «Les temps de transferts sont sans doute long ici. Dans certains captages cela peut prendre 100 ans, dans d'autres une année, ce qui fait que l'eau est plus vulnérable car le sous-sol aura eu moins le temps de la filtrer», raconte Marc Drèze.
Des chauves-souris
Parfois, où l'eau forme un bassin, l'étendue est recouverte d'un très fin film calcaire. «On ne sait pas pourquoi il se forme à certains endroits et non à d'autres», continue Tom Diez qui ajoute que quelques espèces de chauves-souris vivent dans les galeries dont deux bénéficient d'une protection spécifique au niveau européen.
Toutes les galeries ne sont pas éclairées. Dès lors, c’est à la lampe torche qu’il faut continuer la visite, rendant encore plus envoûtante la découverte. Au fin fond d’une galerie, nous tombons sur une voûte maçonnée… D’où vient-elle? Vers où va-t-elle? À quoi sert-elle? Un autre mystère de cette carrière de craie.