Série d'été| Le péniche-stop, ça marche!
On a testé le «péniche-stop» entre l’écluse d’Ittre et le plan inclinéde Ronquières. Et ça a marché du premier coup.
Publié le 15-07-2014 à 06h00
"Je vous préviens : ça ne va peut-être pas marcher."L'éclusier d'Ittre explique les raisons de son pessimisme : «?Les bateliers sont toujours pressés. En plus, leur péniche, c'est leur maison. Vous ouvririez votre maison à la première personne qui sonne à votre porte"
Ce n’est pas que le pessimisme soit contagieux, mais nos certitudes avaient baissé d’un cran quand le Merrimack a percé l’horizon en aval de l’écluse d’Ittre.La péniche de 81 mètres s’est immobilisée en attendant que le Zinnia, premier arrivé en sens inverse, quitte l’écluse. Le temps de nous laisser peaufiner notre approche pour convaincre le capitaine du Merrimack de nous prendre en «?péniche-stop"et de nous conduire jusqu’au plan incliné de Ronquières, six kilomètres en amont.
Il ne nous aura pas fallu argumenter : "Oui, bien sûr, pas de problème"nous répond Denis Dagnelie, avant de prendre une précaution utile : "Je vais prévenir ma femme". L'autre capitaine, Karin Grégoire, s'occupe des manœuvres dans l'écluse. Elle n'a pas d'objection à ce qu'on embarque. Que du contraire, elle nous réserve un bon accueil, nous fait faire le tour du propriétaire d'un logement plus grand et plus confortable que certains appartements.
En remontant le canal, Daniel Dagnelie nous résume vingt-cinq années de navigation : "De bonnes années, de moins bonnes…", son premier bateau coulé par la chute d'une grue lors d'une tempête, son port d'attache thudinien où son bateau ne peut se rendre à cause de son gabarit, ses voyages sur le Rhin et le Danube où il est plus facile de circuler que sur le canal Bruxelles-Charleroi. "De Grimbergen, où on vient de décharger, à Ittre, on traverse trois régions avec trois horaires de navigation différents, avec des règlements et de la paperasserie dans chaque région."
Circulant à vide vers Charleroi, Denis Dagnelie a dû remplir ses cales avec 1150 tonnes d'eau pour pouvoir passer sous les ponts du canal. "Avec ce qu'il a plu, les ponts sont encore plus bas?», sourit le capitaine. Et si ça ne passe toujours pas, le toit de la timonerie peut s'abaisser.Et ça, ça peut surprendre un "péniche-stoppeur" : "Vous voulez qu'on remonte le toit"Pardon ?