Europe : le siège vert redevient bleu
Deux candidats de chez nous étaient en lice pour le 8e siège belge francophone à l’Europe. Deprez (MR) l’emporte face à Bricmont (Écolo).
Publié le 27-05-2014 à 07h29
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En fin de campagne, la semaine dernière, Gérard Deprez, 3e effectif sur la liste européenne du MR, était assez confiant sur le fait que son parti récupère un troisième siège européen («piqué» par Écolo en 2009), et de pouvoir l’occuper lui-même.
Après quatre années passées sur les bancs du Sénat, le néo-Chiévrois devrait bien retrouver son fauteuil au niveau supérieur. Avec près de 42 000 voix de préférence (à 80% des bureaux dépouillés), il fait le 3e score de son parti. « Je suis déjà très heureux pour notre liste, et pour le parti en général, qui progresse partout. À l'Europe, où nous atteignons les 27%, nous avons bénéficié de cette progression générale, mais que nos bons résultats s'expliquent aussi par deux autres critères: la qualité des candidats, dont Louis Michel, perçus par les électeurs comme les plus crédibles, et la figure emblématique de Guy Verhofstadt pour la présidence de la commission.»
Tout en se réjouissant de son élection, Gérard Deprez reconnaît que l'exercice de ce mandat sera bien différent de ceux exercés à ce niveau auparavant, durant vingt-cinq années. «La montée des eurosceptiques dans une série de pays, dont la France et la Grande-Bretagne, est très préoccupante. Les discussions au parlement européen vont prendre une autre tournure: elles seront plus politiques car il faudra guerroyer en permanence contre ces partis qui tenteront de tout détricoter. Les discussions porteront moins sur le fond des dossiers que sur l'opportunité de réaliser quelque chose! Mais je note tout de même que sur les 751 élus, plus de 500 sont convaincus de l'opportunité du projet européen.»
«L’Europe sociale n’a pas gagné»
Si le MR est à la fête, Écolo, à l'Europe comme aux autres niveaux de pouvoir, déchante. Le parti vert passe de 22% à 11% et perd un siège sur les deux. L'Athoise Saskia Bricmont, 2e effective, n'est donc pas élue. « Nous savions que ce siège était incertain. Je suis bien plus touchée par le résultat global du parti que par le mien. D'ailleurs, mon score personnel (plus de 16 000 voix) est plutôt honorable et me semble témoigner d'une confiance des Picards. » Sur le canton d'Ath, la conseillère totalise 714 voix, contre 296 lors des communales de 2012. «C'est ce qui nous motive à nous remettre en route, car la planète en a bien besoin.»
La candidate malheureuse s'explique mal le résultat des urnes pour l'Europe: «Il y a un grand écart entre les discussions entendues durant la campagne, le ras-le-bol des citoyens notamment envers l'austérité, et leur vote. Ce n'est pas l'Europe sociale qui l'a remporté. Notre siège est d'ailleurs récupéré par les libéraux, alors que l'Europe est décriée pour le poids des lobbys financiers, tant écoutés par ces partis. Le MR est un des seuls partis à ne pas s'être exprimé contre le traité transatlantique. De terribles enjeux sont sur la table. »
En élargissant son regard sur la redistribution des cartes pour l'ensemble du territoire européen, Saskia Bricmont se dit inquiète pour la démocratie: «J'espère qu'il ne s'agit pas d'un triste replay de l'histoire européenne. Mais après ce week-end, la tuerie à Bruxelles, la montée des extrémismes, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle.»
Seul motif de satisfaction: les partis verts semblent résister globalement. «Nous perdons des élus en France, en Allemagne, mais nous semblons en gagner en Suède, en Hongrie. Il n'y aura pas d'effondrement de notre groupe: les valeurs que nous défendons restent porteuses.»
Au PS, l’Athoise Carine Delfanne, qui occupait la 6e place réalise le 4e score de sa liste (qui conserve 3 sièges), avec 24 000 voix. La Mouscronnoise Ann Cloet, 2e effective sur la liste cdH, collecte 17 000 voix. Son parti conserve un seul siège.