Paul Dujardin: «En choisissant Bozar, Obama use de la culture comme “puissance douce”»
2.000 personnes triées sur le volet assisteront ce mercredi au discours historique de Barack Obama à Bozar. Paul Dujardin, directeur de l’emblématique pôle culturel belge, se félicite du symbole.
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Publié le 25-03-2014 à 17h55
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Paul Dujardin est habitué aux visites médiatiques et au protocole. Mais après 12 ans à la tête du Palais des Beaux-Arts, la plus grosse institution culturelle du pays, il n’a sans doute jamais accueilli hôte aussi prestigieux. Ni un barnum comme le cortège protocolaire et sécuritaire qui débarquera des berlines blindées avec Barack Obama. Si le stress doit un peu le tenailler à la veille du discours historique du président US dans la salle Henri Le Bœuf, le directeur de Bozar apprécie surtout que la diplomatie US assoie son dialogue sur une «soft power» culturelle.
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Paul Dujardin, vous êtes directeur du Palais des Beaux-Arts. Quelle a été votre réaction à la nouvelle de la visite d’Obama dans vos murs?
J’étais très heureux, évidemment. Pour moi-même, mais aussi pour mes équipes. C’est le résultat d’un très long travail. Je pense que le choix de Bozar résulte dans le chef des conseillers de Barack Obama, d’une volonté de miser sur la culture comme «soft power», comme «puissance douce». Cela illustre la dimension emblématique que revêt la culture dans les relations diplomatiques. Et c’est ce qui a fait la différence dans le choix de Bozar.
Ça doit aussi générer un fameux stress…
Bien sûr, mais un stress positif et très professionnel. Je dois dire que les équipes américaines et les membres de la sécurité du président jouent leur rôle de façon formidable. D’ailleurs, la responsable de la Maison Blanche connaît notre institution. Elle l’a visitée lorsqu’elle vivait à Bruxelles.
Comment vous êtes-vous positionné pour héberger ce discours?
C’est un processus de longue haleine, mais aussi une surprise. Bush était venu à l’entrée dans son second mandat car il devait à nouveau séduire l’Europe. Aujourd’hui, vu les tensions entre Europe et États-Unis, une visite d’Obama semblait improbable. Mais ses conseillers l’ont convaincu de l’importance du geste. Il faut le souligner: il ne s’agit pas d’une visite d’État, mais bien d’une rencontre avec l’Union. Il ne s’agira pas non plus d’une conférence de presse ou d’un point médiatique comme au Rijksmuseum d’Amsterdam, mais d’un véritable discours.
Qui risque de marquer les esprits.
C’est un discours historique dans la vie de président de Barack Obama. Car celle-ci est limitée à deux mandats. D’où l’importance d’insister sur le rôle de la culture comme «soft power». C’est vraiment un élément fondamental. Herman Van Rompuy a d’ailleurs souligné combien Barack Obama est un homme brillant et cultivé.
Et pour Bruxelles, c’est aussi une date symbolique?
Bien entendu, cela prouve l’importance de Bruxelles comme capitale du pouvoir européen. Bruxelles n’est pas une «city» bancaire comme Londres. La ville n’est pas non plus une capitale économique, mais un centre diplomatique. Et ces rencontres ne peuvent que déboucher sur le dialogue.
Obama arrive ce mercredi. Vous avez déjà accueilli Al Gore. Ils sont démocrates. Auriez-vous pu vous positionner différemment si une visite de Georges W. Bush à Bozar avait été envisagée lors de sa venue en 2005?
Absolument pas: nous l’aurions accueilli également. Vous savez, j’étais à la conférence de Bush à l’époque. Il n’avait rien à perdre au début de son second mandat et ses mots le prouvaient. Bien sûr, il était républicain. Mais son discours avait été très ouvert. Très «démocrate», finalement»…
