Carlsbourg: les élèves mobilisés pour Viktor, un Albanais de 13 ans
Viktor Meta étudie à l’institut Saint-Joseph.Sa famille a reçu un avis d’expulsion. À Carlsbourg (Paliseul), l’émotion est vive.
Publié le 21-02-2014 à 06h00
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Âgé de 13 ans, Viktor Meta est Albanais. Il est scolarisé à l’institut Saint-Joseph de Carlsbourg (Paliseul) en première année différenciée. L’an dernier, ses frères et sœurs Arton, Anita et Tahir étaient en 2e différenciée dans l’école carlsbourgeoise. Ils devaient entrer en 3e professionnelle cette année mais, pour raison de choix d’option, ils ont rejoint l’ICA de Libramont. Viktor et sa famille sont hébergés au centre Fedasil de Sugny (Vresse-sur-Semois) depuis environ deux ans.
«Viktor est venu dans mon bureau ce matin pour m'annoncer la mauvaise nouvelle et me dire au revoir, témoignait mercredi la directrice, Delphine Dierick. Que faire face à une telle situation? On reste impuissant. Quand la nouvelle s'est répandue dans l'école, c'était la désolation, l'incompréhension. Comment peut-on expulser une famille installée en Belgique depuis plusieurs années? Ces enfants ont toujours bien été suivis et nous avons une excellente collaboration avec le centre Fedasil.» Les camarades de classe du jeune Albanais ne comprennent pas non plus comment on peut en arriver là. Tous les élèves se sentent solidaires et se sont regroupés autour de Viktor pour lui marquer leur soutien.
« Tout simplement injuste »
Les professeurs eux non plus ne sont pas d'accord avec cette décision. «Cela fait deux ans que la famille est au centre à Sugny, assure un enseignant. Viktor est déjà très bien intégré. Il est gentil, il est agréable et on sent en lui une soif d'apprendre. Cette expulsion, c'est tout simplement injuste.» Un autre, visiblement ému, partage les mêmes sentiments: «Pour moi, c'est la déception de voir que tout ce qui a été fait jusqu'ici tombe subitement à l'eau. Viktor est volontaire. On ne lui laisse même pas la possibilité de poursuivre son année scolaire.»
Il faut savoir que pour rejoindre Carlsbourg, Viktor doit se lever très tôt puisqu’il prend déjà le bus devant le centre à 6h30 pour arriver à Carlsbourg pour 8h10.
Spontanément, les élèves de 5e qualification ont souhaité s'exprimer en se basant sur une phrase de saint Thomas d'Aquin: «En cas de nécessité évidente, il est obligatoire d'utiliser le bien d'autrui pour subvenir à ses besoins.»
Voici la réaction des élèves: «Pour nous, la situation d'aujourd'hui révèle qu'il s'agit d'un cas de nécessité évidente car nous voyons une famille cherchant une protection, une nécessité évidente face à la motivation dont ont fait preuve les enfants dans leur apprentissage dès leur arrivée. Ici, le bien d'autrui est la chance qu'ont les citoyens belges de vivre dans une démocratie respectueuse des droits de l'homme. Subvenir à leurs besoins: celui, essentiel ici, de protection que doit offrir un État de droit à tous les individus.»
Leur conclusion: «Nous sommes attristés et choqués de remarquer qu'une personne, faisant tout pour s'intégrer dans la société, soit forcée de retourner dans son pays d'origine malgré les risques. Comment comprendre cette décision?»