Une leçon de vie altruiste
Hier matin, les élèves de terminale de l’ITL ont reçu la visite de l’interprète français du dalaï-lama, qui leur a appris à cultiver l’altruisme.
- Publié le 22-11-2013 à 06h00
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Matthieu Ricard l’admet: il a plus souvent l’occasion de se rendre dans des écoles construites en bambou en Asie grâce à son association humanitaire, que de donner une conférence devant des élèves de sections technique et professionnelle en Europe. Pourtant, le moine bouddhiste, traducteur francophone du Dalaï-lama, semblait très à l’aise face aux rhétoriciens de l’Institut Technique Libre d’Ath. Invité par le Rotary de Renaix à venir s’exprimer à Lessines en soirée, il avait adapté son «Plaidoyer pour l’altruisme, la force de la bienveillance» (son dernier ouvrage) à son jeune public.
Durant un peu plus d’une heure, il a tenté de réconcilier dans les esprits l’égoïsme et l’altruisme, la recherche de la satisfaction personnelle et les comportements d’entraide.
«Chacun cherche, dans sa vie, des moments de satisfaction, pour qu'elle vaille la peine d'être vécue, introduit le moine bouddhiste français, installé dans l'Himalaya depuis quarante ans. Mais selon une enquête de l'OCDE, ce n'est ni le pouvoir, ni l'argent qui serait la source de satisfaction première, mais bien la qualité des relations. L'altruisme pourrait donc être défini comme ceci: construire notre satisfaction de vie avec les autres.»
Selon Matthieu Ricard, cette notion d'altruisme passe par le respect des générations futures et donc, de notre planète. «D'un point de vue égoïste, on pourrait se dire «après moi, le déluge». Mais sommes-nous totalement égoïstes? Il parait qu'en grattant la couche superficielle d'altruisme, dessous, on trouve un égoïste en puissance.»
Pourtant, le monde ne serait pas aussi empreint de violence qu’on le pense. À travers l’histoire, la coopération se manifesterait davantage que la compétition et serait plus bénéfique pour la survie des espèces (fusion de micro-organismes). Spontanément, l’homme vient au secours des autres (pompiers, sauveteurs,…) et prend soin des vulnérables (instinct maternel, protection des populations persécutées,…).
La bienveillance, ça se cultive
Mieux encore: les qualités humaines peuvent se cultiver dans nos esprits, et y pousser telle une fleur. «De même qu'une personne qui joue à des jeux violents sera désensibilisée à la violence (de nombreuses études de neurosciences le prouvent, via des scanners de cerveaux où l'on peut voir la stimulation des zones), une autre qui se sera entraînée à la méditation réagira davantage à la bienveillance. L'apprentissage a toujours un impact sur notre développement et laisse une trace dans notre cerveau. Les enfants sensibilisés à ces valeurs altruistes améliorent leurs comportements sociaux. Quand on sait à quel point les discriminations, l'exclusion font du tort à nos sociétés, ce ne serait pas inutile de cultiver l'altruisme. »
Le conférencier du jour termine sur une note positive: nous allons vers un monde meilleur. Moins de violence, moins de guerres, moins de morts par conflit, moins de torture… « Il reste cependant beaucoup de travail pour obtenir une harmonie», raison pour laquelle les bouddhistes soutiennent nombre d'actions caritatives. «Le corps pur et les mains sales…».