Une brique dans le ventre de la Bourse: faut-il visiter l’expo The Art of The Brick?
1.000.000 de briques Lego s’entassent dans les salles de la Bourse. L’expo The Art of The Brick s’ouvre jusqu’au 21 avril. Devez-vous vous déplacer pour cette tapageuse première européenne? On vous aide à vous décider.
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Publié le 22-11-2013 à 09h45
Elle mesure 3cm de longueur sur 1,5 de largeur et 1cm de hauteur. Classiquement, elle est rouge, blanche, jaune ou bleue. Venue du Danemark, on la retrouve dans toutes les chambres d'enfants du monde. Avec un million de ses semblables, elle est la star de l'expo The Art of The Brick qui s'ouvre ce vendredi 22 novembre à la Bourse. La brique Lego.
Après Toutankhamon, Terracotta Army et Da Vinci, la Ville de Bruxelles continue sa politique d’expo (très) grand public pour meubler les vastes espaces de la Bourse avant l’implantation du Temple de la Bière. Mais cette fois, les 70 sculptures de plastique arrivées des USA sont une première européenne. Et sont l’expression d’une véritable visée artistique.
Alors, faut-il visiter The Art of The Brick? Brique par brique, on vous aide à vous construire votre propre idée.
Les plus
+ Une expo inédite. Après les USA et l'Asie, c'est la première fois que l'artiste Nathan Sawaya atterrit en Europe. Après les redites Toutankhamon, Terracota ou Da Vinci, The Art Of The Brick apporte donc un peu de fraîcheur au lieu. Surtout, aucune autre date n'est prévue en Europe. Si vous êtes fan de Lego, ne loupez pas l'occase.
+ Une vision artistique réelle. On n'est pas au Bozar ou au Wiels, mais tout de même, on ne peut reprocher à Sawaya de manquer d'inventivité. Passée par les plus grandes institutions américaines, The Art of The Brick relève bel et bien de l'art contemporain. Disons en tout cas qu'il a poussé au maximum le fantasme enfantin de construire grand, large et réaliste à partir de ses minuscules jouets.
+ Une plongée dans l'histoire de l'art. Ça parlera moins aux enfants, mais reconnaître en un clin d'œil les Van Eyck, Munch, Klimt, De Vinci, Van Gogh ou Wood, sans parler des sculptures de l'Antiquité et de la Renaissance, a quelque chose d'assez jouissif. On est ensuite attentif aux reproductions à l'échelle 1 et en 3D de tableaux habituellement observés sur plan. Et on tire la langue d'admiration.
+ Une expo ludique et très accessible. C'est l'objectif de la Ville de Bruxelles : s'adresser à tous (et surtout au maximum de visiteurs). Aussi l'expo se comprend-elle sans aucun prérequis. Un peu comme une visite à Mini-Europe. Les notices apportent tout de suite la réponse à la récurrente question du nombre de briques et replacent le modèle dans l'histoire de l'art. Et puis, il y a ce t-rex…
Les moins
+ Une impression de déjà-vu. En réinterprétant une multitude de chefs-d'œuvre avec un symbole aussi évident que la brique Lego, Sawaya s'inscrit de plain-pied dans un post-modernisme peut-être un peu éculé. Le gigantisme de certaines pièces scotche (80.000 briques pour le t-rex, pièce maîtresse de l'expo), mais on ne peut empêcher cette impression de déjà-vu d'affleurer lorsqu'on contemple ses tableaux et sculptures. La faute sans doute à internet, où les réalisations de ce type pullulent. Et puis, combien de portraits de Warhol n'a-t-on pas déjà vus? Esthétiquement, on préfère donc sans doute les pièces originales, corps humains bleus, jaunes, rouges ou gris en suspension dans l'espace ou hurlant, muets, aux visages de spectateurs ébahis.
+ Une scénographie bâclée. La scénographie qui nous a été donnée à voir ce jeudi est réellement perfectible. Déjà, le cadre d'ors et de boiseries de la Bourse s'assortit mal à l'épure tout en angles de la brique Lego. Surtout, l'éclairage est trop faible, ce qui noie parfois le travail zélé de l'artiste. Enfin, certaines pièces en noir sur fond noir (Le Penseur de Rodin notamment) mériteraient un autre écrin. À voir certaines photos prises sur d'autres sorties de l'expo ou des projections augmentent l'immersion, il semble que les organisateurs bruxellois ont un peu réduit la voilure. Dommage.
+ Des enfants un peu oubliés. «Bon, allez, des Lego, ça plaira aux gamins». Eh ben peut-être que non. En effet, les portraits de Warhol et Rembrandt, le David de Michel-Ange ou la Grande Vague d'Hokusai risquent de leur passer à des kilomètres au-dessus de la tête. Bon alors d'accord, ils pourront poser pour un Instagram à côté de cette silhouette bleu assise. Et resteront béats devant le dino de 6m. Mais rayon interactivité, c'est zéro. À part la petite piscine de Lego cachée derrière une paroi.
+ Un prix excessif. C'est là que ça fait vraiment mal : 15,50€ par adulte et 9,50€ par enfant (4-16 ans) les week-ends et jours fériés. Vous gagnerez 2€ par adulte et 1€ par enfant la semaine, mais quand même : ça reste cher. D'autant que «l'atelier créatif», animation prévue chaque week-end, vous coûtera 6€ en plus par ticket. Même si le «Family Pack» à 41€ (week-end) ou 36€ (semaine) sauve un peu la face, on ne peut pas dire que The Art of The Brick soit réellement bon marché. D'autant qu'en une heure, la visite avec un kid un peu turbulent sera bouclée.
+ The Art of The Brick, du 22novembre 2013 au 21avril 2014, Bourse de Bruxelles.