Prix Dricot à Danielle Gerard
Son recueil de poèmes « Passer par la nuit » a séduit le jury de la Société des Poètes et Artistes de France. Récemment publié aux éditions Dricot, il témoigne d’une recherche aiguë de sens et de présence au monde.
Publié le 22-10-2013 à 06h00
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Danielle Gerard a été, jusqu’il y a peu, secrétaire de l’Association des Ecrivains de Wallonie. Elle écrit dans de nombreuses revues littéraires, adapte des ouvrages espagnols en langue française. Ce n’est pas la première fois qu’elle reçoit un prix littéraire, mais celui-ci vient à point pour ponctuer un parcours foisonnant. Le texte inventorie les heures noires comme les moments silencieux, petites et grandes lueurs qui traversent l’existence.
Le recueil s'ouvre sur un constat, puis sur une question: «Et si la nuit ne venait pas? » En poésie, Danielle tente de l'attendre, de l'atteindre, d'en percer le mystère. Elle laisse au lecteur le soin de se l'approprier, quand «les songes se font malveillants » ou à l'instant des «perpétuelles absences ». Elle la guette et s'interroge : «Que sait-on de ce monstre/Aux tentacules vénéneux,/ Effrayant et sinistre/Comme un capuchon/Rabattu sur le visage,/ Un fourreau qui annonce/Le doute, le mal,/ La suffocation, la syncope,/ L'éclair? » Elle lui prête des vertus insoupçonnées : «Les vents peuvent souffler/Et battre les fenêtres,/ Je reste assise sur la pierre/Et nos pieds se touchent/Dans l'eau de la rivière/Qui continue de couler/De jour comme de nuit ». Elle semble l'aimer au-delà du tourment, puisque cette complice qui la bouleverse peut aussi la rassurer: «Je n'ai rien perdu des mots/Qui ont sommeillé en moi/Ni des rires sonores/Qui emplissent le jour ».
La préface de Véronique Flabat-Piot, présidente du jury du prix Marcel Dricot, rappelle l'écho d'une voix, celle de Rainer Maria Rilke: «La vie n'est que le rêve d'un rêve/Mais l'état de veille est ailleurs ».
F.L.
«Passer par la nuit », éditions Dricot,Liège, 12€