Éoliennes : surdité au bruit ?

Des riverains ont notamment évoqué les recours gagnants auprès du Conseil d'État, contre le précédent projet Elsa mené par IDETA. Dans son arrêt de décembre 2011 suspendant l'autorisation accordée pour quatre éoliennes, le Conseil d'État reconnaissait le risque de préjudice grave en lien avec le bruit. «Il est indéniable que au moins certains requérants subiront les conséquences de ces nuisances sonores lesquelles par leur permanence ou leur répétition régulière présentent un caractère grave difficilement réparable…»

Didier Arts, un Sonégien confronté à la problématique, s’est presque «spécialisé» dans ce volet acoustique.

«La seule norme actuelle est celle applicable aux installations industrielles, reprise dans l'AGW du 4juillet 2002» explique-t-il. «Le Gouvernement wallon prévoit la création d'une norme sectorielle pour le bruit éolien, relevant le niveau nocturne de 40 à 43dB pour une partie de l'année. Ce relèvement a été dicté par les constats de dépassement des normes partout où des mesures ont été faites. D'après nos propres mesures, ce niveau-là aussi sera fréquemment dépassé. Cette norme est construite sur une globalisation du bruit sans tenir compte du contenu fréquentiel particulier. Les instruments utilisés pour élaborer cette procédure sont adaptés au bruit industriel, mais pas au bruit éolien et ont donc gommé le problème. Les justifications du passage 40 – 43dB nient la spécificité du bruit éolien.»

« Bruit sans comparaison… »

Y a-t-il des dépassements et des nuisances dans les parcs éoliens, aujourd'hui? «Tous les parcs actuellement en fonctionnement dépassent les normes de l'AGW 2002 pour deux raisons. D'une part, les simulations numériques effectuées ne sont pas représentatives de la réalité (pour des raisons bien identifiées) et d'autre part parce que les parcs ont été prévus pour satisfaire à la norme hollandaise qui était précisée dans le cadre de référence. Cette norme n'est pas applicable chez nous. Il a fallu le Conseil d'État pour le rappeler au GW.»

«Les riverains se plaignent notamment de l'aspect lancinant, répétitif, prenant du bruit issu des éoliennes» poursuit Didier Arts. «Ce bruit est sans comparaison avec le bruit (auto) routier. Contrairement à ce que le GW essaie de faire croire au travers de procédure de globalisation, le bruit (auto) routier ne couvre pas le bruit éolien: il est clairement perçu différemment, sauf par un appareil de mesure. Le bruit d'un ronfleur et celui du ronronnement d'un chat peut avoir le même niveau, mais le contenu sonore est perçu très différemment. Il s'avère que les sons de basse fréquence, puissamment représentés, ne sont pas mesurés par les procédures imposées par la RW, alors qu'ils constituent une source de perturbation certaine, mais encore mal identifiée.»

F.H.