Ces hauts potentiels qui s’ignorent
La Province empoigne la problématique des profils à haut potentiel, mal connus et mal compris. Première étape : une conférence à Athus, le 3 octobre.
- Publié le 26-09-2013 à 06h00
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«Pour la plupart des gens, un enfant à haut potentiel est un enfant qui réussit tout, qui est bon dans tous les domaines, mais quand on creuse un peu, ce n'est pas du tout ça!» Et elle en sait quelque chose, Marianne Leva-Hinkels, une Mussonnaise dont la fille a été diagnostiquée «haut potentiel», ou HP, l'année dernière. «Elle avait 18 ans et était en première année à l'université. Elle a fait un burn-out qui lui a coûté son année. Si on nous avait expliqué plus tôt pourquoi notre fille était aussi sensible et angoissée et pourquoi elle se posait autant de questions existentielles depuis son plus jeune âge, nous aurions pu réagir plus tôt.»
Réagir! C’est précisément ce qu’a choisi de faire Marianne Leva-Hinkels. Pour d’autres parents, d’autres enfants à haut potentiel ou des HP aujourd’hui adultes mais qui s’ignorent tels. Pour les enseignants aussi. En partenariat avec la Province de Luxembourg et avec le soutien et l’expertise de l’ASBL liégeoise «Avance-toi», une conférence sera organisée à Athus (Aubange), le jeudi 3 octobre. Son thème : «Le monde des enfants et des adultes à haut potentiel (ou surdoués), un mythe qu’il faut casser».
Une intelligence « à part »
«Si nous avons choisi de soutenir l'initiative, c'est parce qu'elle s'intègre parfaitement dans nos perspectives, explique le député provincial Patrick Adam. Nous avions choisi d'explorer en priorité deux sujets : la dyspraxie et les HP. Le projet de Mme Leva tombait à point nommé. Nous lui avons laissé carte blanche.» Et l'occasion de tordre le cou à une ribambelle d'idées préconçues qui définissent les profils «haut potentiel» au mieux comme de doux dingues, au pire comme de détestables prétentieux que l'on rejette. Quand ils ne sont pas associés à la bipolarité ou à l'autisme.
«Mal connus et pas assez soutenus, ces enfants souffrent de leurs différences. Or, on veut faire entrer l'enfant HP dans un moule dans lequel il ne peut et ne pourra jamais entrer, poursuit Mme Leva-Hinkels. Les parents et les enseignants sont encore souvent peu et mal informés. Si l'on veut trouver des solutions ensemble, il faut d'abord savoir quelles sont les caractéristiques qui peuvent définir un enfant ou un adulte à haut potentiel.»
«Haut potentiel» plutôt que «surdoué»
Ainsi, un HP ne peut être résumé à ses seules performances intellectuelles, quand bien même son dépistage passera par un test d'intelligence au cours duquel sera mesuré son QI. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le terme «haut potentiel» est aujourd'hui préféré à celui de «surdoué» car, peut-on lire sur le site web de l'ASBL «Avance-toi», « il sous-entend qu'un potentiel exceptionnel ne se concrétise pas forcément par des réalisations exceptionnelles, et qu'il n'empêche pas les difficultés, parfois même l'échec scolaire, professionnel ou social». Mais aussi le mal-être, des angoisses, un cerveau en constante ébullition ou, parmi tant d'autres «symptômes», le manque de confiance en soi, l'hypersensibilité ou un altruisme exacerbé. Le tout induit par une intelligence «à part».
De même, il est inutile de parler ici de guérison puisqu'il n'y a pas maladie : «Haut potentiel on naît, haut potentiel on finira, mais le fait de le savoir, de pouvoir en parler et même de rencontrer d'autres HP est essentiel», insiste encore Marianne Leva-Hinkels. «C'est aussi pourquoi il est important que les enfants comme les adultes non encore détectés le soient, insiste sa fille. À vouloir être comme les autres, je n'ai fait que repousser le moment où je devrais m'assumer en tant que haut potentiel, de me dire que je suis comme je suis et que ceux qui ne l'accepteraient pas ne feraient plus partie de ma vie.»
Justine a aujourd’hui 19 ans. Elle a repris le chemin des études. Surtout, elle est apaisée depuis qu’elle sait.
Le jeudi3 octobre à 20hau centre culturel d’Athus. Entrée gratuite. Réservations souhaitées : 063 38 95 73 ou animation@ccathus.be