Soixante bulles à vêtements non déclarées
Ça chauffe chez les «chiffonniers»! En Wallonie picarde, plus qu’ailleurs, le marché a à souffrir de la proximité du territoire français.
- Publié le 03-09-2013 à 06h00
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Nous l’écrivions dans nos éditions de vendredi : les acteurs se multiplient dans le marché de la fripe (pas toujours dans la légalité) et les prix de collecte ne cessent de flamber. Pour preuve, l’initiative du gestionnaire des déchets du Brabant wallon: l’IBW a choisi de vendre le textile usagé collecté dans ses parcs à conteneurs à la société Recytex. À 200€ la tonne, la démarche – liée à la conjoncture favorable sur les marchés de la friperie – pourrait donner des idées à d’autres intercommunales (relire nos éditions du 30août).
Particularité de notre région
L’acteur historique du marché de la fripe (l’ASBL Terre) a tenu, par la voix de son directeur, Christian Dessart, à pointer les pratiques peu scrupuleuses qui se multiplient ces derniers temps et la particularité de la Wallonie picarde.
«C'est vrai qu'une série de bulles à vêtements a été placée par des opérateurs privés (NDLR : à Belœil, Bernissart ou encore Tournai). Par leur nom, ces nouveaux collecteurs cherchent à se donner une couleur sociale: " La Chaîne du Cœur ", " Entraide et Solidarité "… Mais le flou le plus total plane sur les pratiques de ces opérateurs.
Les bulles de ces opérateurs ne sont pas déclarées à l'Office wallon des déchets. On peut donc imaginer que, si les bulles n'ont pas été enregistrées, les tonnages collectés ne sont pas non plus déclarés aux autorités wallonnes.»
Un exemple concret
«Prenons par exemple un opérateur qui possède 22 bulles à vêtements. Ce chiffre est cité au hasard, mais il correspond à une réalité de terrain dans le Hainaut.
Par expérience, nous savons qu’une bulle permet de collecter environ 500kg de textile par mois; un parc de 22 bulles assure donc une moyenne de 11 tonnes. Pour écouler 11 tonnes de vêtements par mois, il faut 4 à 5 boutiques de grande surface. Si l’opérateur en question n’a qu’une boutique, nous sommes en droit de nous demander où il écoule le surplus.
Par expérience, nous savons également que le textile collecté via des bulles à vêtements n’est pas revendable en boutique à 100%. L’original de collecte se divise comme suit: 60% de réutilisable (vêtements pouvant être revendus comme vêtements de seconde main, dont maximum 15% dans les boutiques belges); 28% de recyclable (vêtements servant comme chiffons ou servant à la fabrication de nouvelles matières); et 12% de déchets.»
Des tonnages qui s’évaporent
«Officiellement, ces bulles n’existent pas, la collecte n’existe pas et la vente encore moins (si ce n’est pas l’insignifiante fraction vendue en boutique)…»
Sur la Wallonie picarde, l’ASBL Terre a repéré pas moins de 60 bulles non déclarées, ce qui représente 30 tonnes de textile par mois.
«Nous imaginons aisément que ces tonnages échappent aux statistiques belges afin de gonfler les statistiques françaises. En effet, pour chaque tonne de textile collecté en France et trié en Europe, une contribution environnementale de 69€ est versée par l’État français.
La proximité avec la France explique certainement le climat délétère qui règne parmi les collecteurs de vêtements de Wallonie picarde. »
Pour rappel, en 2012 l’ASBL Terre a rassemblé en Wallonie picarde quelque 640tonnes de textile usagé dans ses 132bulles.
Sept communes n’ont pas signé de convention avec l’ASBL : Comines, Rumes, Antoing, Brugelette, Enghien, Flobecq et Ellezelles.