Le combat d’un père pour récupérer ses cinq enfants
Rodolphe Marionvalle a cinq enfants. Ils sont placés en France suite à la mort de leur mère. Aujourd’hui, il se bat pour les récupérer.
Publié le 04-07-2013 à 06h00
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Andrew, Mathilde, Annabelle, Laure et Camille ont entre 12 et 3 ans. À l’heure actuelle, ces enfants que la vie n’a pas épargnés vivent dans une institution dans le nord de la France (SOS villages d’enfants à Busigny). Ils ont été placés là par décision de justice, suite au décès de leur maman en février dernier.
Leur père, Rodolphe Marionvalle, un habitant de Comines, a tout préparé pour s’occuper au mieux de ses enfants. Malheureusement, pour le moment, une décision judiciaire lui interdit de récupérer ses enfants. Il remue donc ciel et terre pour pouvoir à nouveau les chérir…
«Je me suis marié avec Stéphanie en 2001», se souvient avec émotion le père de famille. « Français tous les deux, nous avons décidé de nous établir en Belgique. Nos cinq enfants sont nés ici. En 2008, nous avons acheté une maison à Comines avec l'aide du Fonds du logement des familles nombreuses de Wallonie. Nous y avons vécu des moments très heureux. Une vie de famille épanouissante.»
En juin 2011, pour raisons professionnelles, la famille déménage pour s'installer à Gaurain-Ramecroix. Elle n'y restera qu'un an. «En août 2012, ma femme et moi décidons de nous séparer. Elle retourne s'installer en France. Malgré cela, nous continuons à entretenir de bonnes relations. Je vois mes enfants très souvent et l'aide même à rénover le logement où ils habitent. Elle avait fait deux demandes de divorce, mais les avait annulées. On remontait la pente doucement. Comme dans tous les couples, il y a des hauts et des bas…»
Une reconstruction familiale qui n'aura malheureusement pas l'occasion de se concrétiser. «Mon épouse a succombé à ses blessures suite à un accident de la route dans la région de Beaumont, le 8février 2013. Étant encore amoureux d'elle, ce fut un moment très difficile à surmonter.»
Deux expertises, deux résultats
Le 6mars, Rodolphe est convoqué par la justice française pour une expertise psychiatrique. «C'était moins d'un mois après son décès. À ce moment-là, je le reconnais, j'étais déprimé.» Le problème, c'est que le médecin qui l'évalue le remarque logiquement et fait un rapport très défavorable au papa. «J'étais déprimé, certes, mais pas un danger pour moi et mes enfants, comme il le dit.»
Rodolphe prend alors les choses en main et se soigne pour pouvoir prendre en charge ses cinq petits. Il remonte la pente. «C'est d'ailleurs exactement ce que le psychiatre que j'ai rencontré lors de la seconde expertise a confirmé. Début juin, il m'a déclaré apte à m'occuper de mes enfants.»
C'est alors confiant que le père de famille se rend au tribunal d'Avesnes-sur-Helpe, le 20juin dernier. «Mais là, je me heurte à une magistrate qui ne veut rien entendre. Elle m'accuse de ne pas avoir été à la seconde expertise psychiatrique et décide que je ne pourrai plus voir mes enfants qu'une fois par mois dans un cadre sécurisé pour les deux années à venir.» Après un contact avec le psychiatre ayant réalisé la seconde expertise, il s'avère que ce dernier n'avait pas encore remis son rapport à la juge. «Il m'a donc fait un papier attestant ma présence, que j'ai remise à mon avocate.» Mais pour l'heure, rien n'y fait. «Leurs lits sont faits et la maison de Comines est prête pour les accueillir. Ils y ont leurs repères. J'ai acheté une grande voiture pour transporter toute la famille. Leurs grands-parents avaient prévu des vacances aux Baléares avec eux au mois d'août, mais ils ne pourront pas en profiter… C'est triste de les priver de tout l'amour que l'on pourrait leur donner.»
Aujourd'hui, Rodolphe multiplie les démarches pour prouver qu'il est un bon père. «Le directeur de Saint-Henri Comines, où étaient scolarisés les enfants, a fait un courrier pour expliquer mon implication dans la vie scolaire des enfants et dans l'association de parents de l'école. J'ai essayé d'interpeller le procureur de la République, mais je n'ai pas encore de réponse. Face à cette magistrate, j'ai l'impression de n'être qu'un géniteur. On dirait qu'un papa n'est rien. C'est du sexisme. On ne ferait jamais ça à une maman…»