Le sapin artificiel de la Grand-Place fait polémique: «Et puis quoi? Supprimer les œufs de Pâques?»
Le sapin de Noël artificiel de la Grand-Place fait polémique. Une pétition pour son abandon est née sur internet ce week-end. Pour une conseillère communale CD&V, ce «faux» sapin est né de motifs religieux. La Ville s’en défend. L’échevin bruxellois du Tourisme Philippe Close dénonce cette volonté «regrettable» d’opposer les communautés.
Publié le 13-11-2012 à 08h05
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Ce sapin, qui sera cette année une armature artistique de bois et de métal illuminée, a suscité les critiques d'une députée bruxelloise, Bianca Debaets (CD&V), qui a vu des motifs religieux dans l'abandon du conifère naturel. D'où une déferlante de réactions islamophobes sur les réseaux sociaux, de la part de personnes ressentant ce changement comme une atteinte aux traditions religieuses chrétiennes.
L’échevin du Tourisme de Bruxelles, Philippe Close (PS), s’est dès lors fendu d’un communiqué pour expliquer une nouvelle fois le choix de l’œuvre artistique et démentir toute motivation religieuse.
«Mettons tout de suite fin à la polémique: dans le cadre des fêtes de fin d’année, la Grand-Place de Bruxelles aura sa crèche de Noël traditionnelle, et son sapin», souligne-t-il. «Cependant, cette année, nous avons voulu innover, montrer notre modernité, nous démarquer des autres grandes capitales. Nous assumons ainsi le caractère avant-gardiste de Bruxelles en proposant un spectacle son et lumières au départ d’un sapin d’un autre genre, moderne».
Philippe Close se pose en garant du caractère rassembleur des traditions de Noël. «Alors, quoi de plus regrettable que de chercher à opposer les communautés autour des traditions, sur base d’informations partiellement erronées?», demande-t-il.
Debaets: «Qu'arrivera-t-il ensuite? Supprimera-t-on les œufs de Pâques?»
La polémique est donc née d'une déclaration de l'élue CD&V Bianca Debaets. Cette dernière a évoqué des motifs religieux pour expliquer l'abandon du sapin «naturel».
«Qu'arrivera-t-il ensuite? La suppression des œufs de Pâques parce qu'ils se réfèrent à Pâques?», a demandé dans une interview la conseillère communale.
Une pétition lancée samedi sur internet et intitulée «Pour un véritable sapin de Noël sur la Grand-Place de Bruxelles et le respect de nos valeurs et de nos traditions» a déjà recueilli plus de 16.000 signataires mardi matin.
Des commentaires des partisans du texte, tels que «On ne pliera pas devant les musulmans» ou «Ce n'est pas à nous de nous adapter, nous sommes chez nous», laissent peu de doutes sur la cible du courroux des protestataires.
«Nous n'allons pas reculer devant quelques fondamentalistes»
Pourtant, la communauté musulmane n'a évidemment rien à voir avec la volonté de la ville de troquer le sapin végétal par une structure métallique en forme… de sapin, explique Nicolas Dassonville, porte-parole du bourgmestre de Bruxelles Freddy Thielemans.
«Cette année, les Plaisirs d'Hivers sont axées sur la lumière. Parmi les cinq projets d'illuminations retenus, il y a cette «ode au sapin», une structure métallique qui sera illuminée à l'intérieur et à l'extérieur, sur laquelle les visiteurs pourront grimper», explique Nicolas Dassonville. «Mais il y aura également sur la Grand-Place des petits sapins naturels et une crèche. Ceux qui prétendent que nous voulons supprimer les symboles de Noël se trompent lourdement».
En tout cas, pas question pour la ville de faire marche-arrière. «Ce n'est pas parce que certains fondamentalistes s'agitent sur internet que nous allons remettre en question notre décision», assure Dassonville.