Un plan directeur régional pour la zone du Canal: «Il faut baliser cette colonne vertébrale bruxelloise en plein boum»
La zone du Canal attire les convoitises. La Région bruxelloise a décidé de se doter d’un plan directeur pour unifier et cadrer les investissements publics comme privés dans cette colonne vertébrale à l’urbanisme en pleine mutation. Un architecte français est chargé de l’étude.
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Publié le 08-11-2012 à 10h08
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«Depuis les années 90 et mon arrivée comme Ministre-Président bruxellois, les investisseurs privés ont pu se rendre compte de l’utilité, de l’intérêt et de la réalité unique de la zone du Canal. Cette zone qui traverse 7 communes est devenue très dynamique depuis 15 ou 20 ans, que cela soit avec des projets comme Tour & Taxis ou les contrats de quartier. Il faut désormais des balises à ce dynamisme».
Aucun doute, Charles Picqué et la Région ont décidé de saisir la problématique urbanistique de la zone Canal à bras-le-corps. Car à côté des projets pharaoniques et plutôt luxueux que sont Tour & Taxi, UpSite, Schaerbeek Formation, le Wiels ou l’Hôtel Bellevue, la «colonne vertébrale bruxelloise» concentre encore toutes les inégalités le long de ses 14km de mixité sociale, économique et industrielle. Et attise les convoitises. Il fallait baliser le terrain.
«Un ciment pour assembler les moellons»
Charles Picqué a donc présenté ce mercredi la mise en étude d’un plan directeur pour cet espace de 2850 ha qui couvre 18% de la surface régionale, concentrant friches, bassins, ruines industrielles et bâtis d’habitation. L’étude est confiée aux équipes de l’architecte français renommé Alexandre Chemetoff, désigné après un concours international. On leur doit notamment la métamorphose de l’Île de Nantes ou la refonte du Jardin d’Eau à Nancy.
«Dans la zone du Canal, de nombreuses pierres d’un mur en construction sont déjà posées», métaphorise l’architecte. «Notre travail ne consiste pas à démolir ces pans de mur mais à inventer le ciment pour assembler les moellons». Chemetoff insiste sur la motivation qui naît de «cette situation bruxelloise extraordinaire d’avoir au cœur de la ville un territoire qui d’habitude est périphérique».
6 sites «témoins»
Pour réaliser son étude, Chemetoff se basera sur un atelier de cartographie. Il dressera l’état des lieux et greffera sur celui-ci les projets possibles. 6 critères seront observés pour ressencer les sites: les installations relatives au canal et au port, les espaces verts, les espaces publics, le patrimoine industriel, les sites «exceptionnels» et les endroits «délaissés». 6 sites emblématiques «témoins» ont déjà été déterminés pour illustrer le cheminement potentiel: Buda, Van Praet, Armateurs, Sainctelette, Birmingham, et Biestebroeck.
«L’objectif est toujours de se baser sur des situations existantes, sans rêver trop fort ou trop loin», assure l’architecte. «On peut par exemple imaginer de rouvrir la Senne à Buda, réinvestir les bassins remarquables, utiliser du foncier délaissé par la Région pour construire du logement ou des stations de tram. Surtout, ne pas mettre les sites sous cloche pour créer des activités culturelles marginales», explique-t-il en prenant en exemple une crèche réalisée dans une ancienne usine en France. «On peut donc espérer faire de la zone Canal un territoire enviable susceptible d’attirer les plus riches et d’y accentuer la mixité».
Une vision ambitieuse qui reste pour l’instant assez floue, il faut bien le dire. Cette phase d’étude est prévue sur les 9 prochains mois.