De soulèvement en soulèvement : en Iran, le régime a déjà perdu
Le mécontentement enfle, et pas seulement du fait des libertés brimées quotidiennement. Sur le plan économique, la quasi-totalité de la population souffre.
- Publié le 14-09-2023 à 19h05
- Mis à jour le 14-09-2023 à 19h07
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La jeunesse iranienne, éprise de liberté et de démocratie dans un pays qui ne croit ni en l’une ni en l’autre, peut-elle raisonnablement espérer que ce vœu intense se réalise un jour ?
La réponse est oui, et si cela advient, cette jeunesse ne le devra qu’à elle-même. Cela prendra peut-être du temps. Cela en passera certainement par des épisodes répressifs violents, comme c’est encore le cas actuellement, un an après la mort de Mahsa Amini. Mais cela arrivera, nécessairement.
D’abord, parce que cette jeunesse, qui n’a bien souvent connu que le régime des mollahs et des Ayatollahs, n’a pas peur. C’est ce qui ressort des témoignages qui remontent à la surface du pays, à la faveur d’un soulèvement qui n’est "qu’une étape vers la liberté", pour citer un étudiant iranien que l’Avenir a pu interroger. Observation empirique : il y a eu par le passé d’autres soulèvements ; il y en aura d’autres dans le futur. Et, comme le remarquent les opposants au régime, à chaque fois les protestations sont plus dures, plus longues, plus radicales.
Pour l’instant, le régime se maintient par la force, mais ses intimidations se diluent de plus en plus régulièrement dans la masse des mécontents.
Un mécontentement qui enfle, justement. Pas seulement du fait des libertés brimées quotidiennement par ce système théocratico-policier. Sur le plan économique, la quasi-totalité de la population souffre. Le régime a beau mettre cela sur le compte des sanctions occidentales, c’est bien lui qui tolère, voire organise, une corruption endémique (le pays se classe 147e sur 180 en la matière), selon l’ONG Transparency. Il y a cinq ans, Khamenei lui-même appelait cette corruption, symptôme d’une économie minée de l’intérieur, le "dragon à sept têtes".
Le dragon en question n’a pas été terrassé. Non plus que l’inflation, autour de 50% cette année. C’était pourtant la grande cause nationale du président Raïssi en mars dernier. Or, c’est bien connu, le marasme économique est un formidable carburant à mécontentement populaire. Pour l’instant contenu à la jeunesse, donc. Mais les braises sont très chaudes. Et le feu ne demande qu’à prendre.