Répondre à l’injonction policière
Suite au drame de ce vendredi à Oupeye, où un jeune homme de cette commune liégeoise a été abattu par un tir policier suite à un contrôle, un officier de police judiciaire (OPJ) expérimenté lance dans nos colonnes un message aux citoyens. " Il faut répondre à l’injonction et ne pas tenter de fuir et de mettre la vie d’autrui en danger ", dit-il en substance.
- Publié le 21-08-2023 à 07h33
- Mis à jour le 21-08-2023 à 09h29
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Répondre à l’injonction policière, et donc ne pas refuser d’obtempérer: cela va bien évidemment de soi en tant que citoyen responsable. Si tel n’est pas le cas, le conducteur s’expose à de sérieux problèmes. Mais de là à recevoir une balle en pleine tête, que ce soit de dos, de manière latérale ou frontale – l’enquête le déterminera, tout comme la situation ou non de légitime défense –, ce fait divers dramatique pose à nouveau de sérieuses questions sur la proportionnalité de la réponse policière.
Dans ce cadre, le Comité P (la police des polices) apportera toutes les nuances nécessaires dans le cadre d’une enquête qui durera plusieurs mois. Certes, cela ne fera pas revenir pour autant à la vie le conducteur du quad d’Oupeye. Pas plus que les émeutes qui ont lieu depuis trois nuits dans cette Commune, ainsi qu’à Herstal.
Ce type d’affaire demande pourtant d’être réglée avec la plus grande nuance et la plus grande prudence. Non, le débat ne se porte pas sur le fait d’être pour ou contre la police. Dans un État de droit, la police fait partie de l’arsenal nécessaire afin de faire respecter la loi, et elle se doit d’être respectée. Ce qui ne lui donne pas tous les droits non plus, d’où la nécessité de cette enquête minutieuse du Comité P. Non, le débat ne porte pas sur le "permis de tuer" de la police, comme le relance régulièrement Jean-Luc Mélenchon. En Belgique, comme en France, l’usage des armes par les forces de l’ordre est strictement réglementé.
Par contre, on peut se demander si tous les policiers actuels ont bien été formés aux nombreuses situations de stress qui sont le lot de leur métier, au sein d’une société elle-même de plus en plus violente. Les syndicats policiers incriminent ainsi de leur côté, depuis de nombreux mois, la montée inexorable de la "haine anti-flic". Dans ce cadre, si on veut prévenir les risques de situation tendue, nous ne devons pas leur jeter l’opprobre, c’est le meilleur moyen de braquer la profession. Certaines forces politiques extrêmes n’attendent que ça pour se renforcer encore un peu plus.