Libération d'Olivier Vandecasteele: la vérité est dans le non-dit
La libération, vendredi passé, d’Olivier Vandecasteele, victime innocente d’un régime iranien aux abois, suscite assez logiquement un auto-satisfecit du gouvernement. Qui a, il est vrai, bataillé ferme contre un adversaire particulièrement retors.
- Publié le 30-05-2023 à 20h26
- Mis à jour le 31-05-2023 à 07h19
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Mais ce soulagement diplomatique a un arrière-goût amer (l’échange avec le terroriste Assadolah Assadi), que le gouvernement dilue ces derniers jours dans un vocable pour le moins osé. "Ce n’est pas un échange, c’est un accord", est allée jusqu’à affirmer, le soir même, à la RTBF, la ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib.
Voilà qui ressemble à une opération de communication bien rodée. Celle-ci avait d’ailleurs commencé plus tôt ce jour-là, juste après l’annonce de la libération. On apprenait alors que le fameux traité de transfèrement entré en vigueur quelques semaines plus tôt n’avait pas été activé, au profit d’un article de la Constitution qui assoit la compétence de l’exécutif en matière de relations internationales. Pour justifier l’activation de cet article, le gouvernement invoque "une menace grave, imminente et continue pour la sécurité nationale de la Belgique, à laquelle une réponse urgente doit être apportée". On se pince : la Belgique libère un terroriste au nom de… la sécurité nationale!
Reste ce qui se dit, plus ou moins officiellement, dont le fait que l’état de santé d’Olivier Vandecasteele ne pouvait attendre et qu’il fallait le libérer au plus vite, ce que le traité ne permettait pas. D’accord. Mais pourquoi, dans ce cas, ne pas avoir activé l’article en janvier dernier, quand il est apparu que l’otage, à bout, pouvait "à peine tenir debout" selon ses proches ?
Autre argument brandi par l’exécutif: Olivier Vandecasteele risquait une peine plus lourde encore, ce qui aurait, dit-on, rendu encore plus difficile les négociations. Peut-être. Peut-être pas. C’est invérifiable.
Comme souvent, la vérité est dans le non-dit. Ce que ne disent pas les autorités belges, c’est que le traité, passé à la moulinette de la Cour constitutionnelle, accordait aux yeux de l’Iran trop de droits aux opposants au régime en exil, visés en 2018 par l’attentat fomenté par Assadolah Assadi. Le droit, précisément, de contester la libération potentielle d’un terroriste. Ce droit a été bafoué, et, pendant que ces gens continuent d’être persécutés par le régime, on ne trouve, dans la bouche de l’exécutif belge, pas un seul mot pour eux. Pas un.