Belgorod, avant-goût du futur russe ?
Belgorod, située à moins de cinquante kilomètres de la frontière ukrainienne, était régulièrement citée ces dernières semaines par les médias de masse russes comme une cible potentielle.
Publié le 23-05-2023 à 17h22 - Mis à jour le 23-05-2023 à 17h23
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L’avenir dira si l’incursion (toujours en cours à l’heure d’écrire ces lignes) d’une milice russe pro ukrainienne dans la région de Belgorod procède d’un affront visant à déstabiliser le pouvoir ou d’une véritable manœuvre tactique, alors même qu’une contre-offensive ukrainienne se fait attendre depuis des semaines, voire des mois.
Quoi qu’il en soit, cette attaque en territoire russe, par des Russes,au lendemain de la prise du champ de ruines qu’est devenu Bakhmout, revêt un goût de fête gâchée pour le maître du Kremlin.
Ironiquement, Belgorod (près de 400 000 habitants), située à moins de cinquante kilomètres de la frontière ukrainienne, était régulièrement citée ces dernières semaines par les médias de masse russes comme une cible potentielle, quitte à en rajouter à outrance pour attiser la peur et rallier les indécis à la cause de la guerre.
Tout aussi ironiquement, alors même que cette prophétie autoréalisatrice se réalise leurs yeux, les autorités minimisent l’ampleur de "l’incursion", qui demeure de fait nimbée d’un épais brouillard informationnel. Signe que le pouvoir est loin d’être serein, les dispositifs sécuritaires exceptionnels mis en place depuis quelque temps ont été renforcés, jusqu’à l’évacuation (à confirmer), des ogives nucléaires entreposées dans la zone. Poutine, lui, demeure muet, alors même que ce qu’il annonce à longueur de discours depuis des mois est devenu une réalité.
Plus généralement, quand bien même ce spectaculaire épisode demeurerait une virgule symbolique (mais cela reste à voir) dans le scénario de cette guerre, peut-être éclaire-t-il sur le futur qui attend la Russie, pendant mais aussi après le conflit. Celui d’un pays qui, d’une paranoïa permanente, passerait à un stade de peur permanente, à l’extérieur comme à l’intérieur de ses frontières. Peur de l’ennemi "occidental", bien sûr, mais peur aussi des milices russes en mesure de miner les efforts de son armée régulière pour servir des intérêts politiques propres. L’inénarrable patron de Wagner Evguéni Prigojine, patron de Wagner perclus d’ambition politique, n’est qu’un exemple parmi d’autres : la Russie compte des dizaines d’entreprises militaires privées. Plus ou moins puissantes, et plus ou moins chevillées au pouvoir. Pour l’instant.