Réseaux sociaux : la fabrique du dégoût
Un édito de Guillaume Barkhuysen
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Publié le 22-05-2023 à 18h48 - Mis à jour le 22-05-2023 à 18h49
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“Dans la politique, quand tous les dégoûtés seront partis, il ne restera plus que les dégoûtants.”
À l’ère de l’information instantanée, cette déclaration de Paul Vanden Boeynants prend un nouveau sens. Selon une enquête menée par l’Union des villes et communes de Wallonie, de nombreux responsables communaux font aujourd’hui face à un profond malaise.
Qu’il s’agisse de bourgmestres, d’échevins ou de présidents de CPAS, ces responsables politiques sont quotidiennement confrontés à une pression intense. Un mandataire sur dix annonce d’ailleurs sa volonté claire de quitter définitivement la politique en 2024. Et trois élus sur quatre estiment que le mandat local ne suscitera plus de vocation durable à l’avenir.
Indéniablement, les problèmes liés à la gouvernance, aux abus de biens sociaux, voire à la corruption, entachent la réputation de la sphère politique.
En outre, il convient d’ajouter les petites manœuvres politiques, parfois dénuées de subtilité, qui n’aident pas le citoyen à garder confiance dans le système démocratique.
Mais ces quelques faits provenant d’un nombre réduit de personnes, peuvent-ils pour autant excuser les outrances ?
En plus des plaintes, agressions et insultes, ces dernières années ont vu l’émergence de nouveaux “gardiens de l’ordre communal”. Faisant fi de la nuance et de la véracité des informations qu’ils diffusent sur les réseaux sociaux, ces “Zorros de l’an 2020” n’hésitent pas à discréditer les actions politiques ainsi que les élus qui les entreprennent.
Les grands patrons des plateformes, comme Elon Musk, se vantent fréquemment de favoriser une liberté d’expression totale. Mais cette liberté exacerbée ne semble être que le cache-sexe d’un business lucratif, où des bénéfices sont réalisés sur la simple curiosité d’internautes par rapport aux lynchages de personnes.
Plus largement, c’est donc le comportement de tout un chacun qu’il faudrait questionner. En 2023, attaquer publiquement une personnalité publique est devenu un geste d’une effrayante banalité.
Avant de diaboliser nos élus, ne devrions-nous pas désavouer de toute urgence ces nouveaux comportements qui menacent le vivre ensemble, la pluralité des idées et, de façon plus générale, la vie en société ?