Deux fois plus d'exécutions en deux ans: la barbarie nous concerne tous
" Tant que la peine de mort existera, on aura froid en entrant dans une cour d’assises, et il y fera nuit ". Cette sentence, c’est à Victor Hugo qu’on la doit.
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Publié le 16-05-2023 à 02h01
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Or, presque deux siècles plus tard, dans 87 pays à travers le monde, la nuit continue de régner dans les tribunaux et salles de (prétendue) justice. 87 pays où l’acte qui consiste à ôter délibérément la vie d’une personne relève toujours du "droit". 87 pays qui n’ont pas encore relégué cette ultime vanité de l’Homme dans les chapitres les plus sombres des livres d’histoire et dont, bien au contraire, certains continuent de pratiquer ce "signe spécial et éternel de la barbarie", tel que l’écrivait encore Hugo.
Les estimations reprises dans le dernier rapport d’Amnesty ont en effet de quoi faire froid dans le dos et assombrir les consciences.
En 2022, près de 900 exécutions capitales ont ainsi pu être recensées par l’ONG internationale. Il s’agit là d’une hausse drastique par rapport à l’année précédente (+53%). Et c’est presque deux fois plus qu’en 2020. Surtout, il s’agit là d’un nombre vraisemblablement bien en deçà de la réalité.
En Belgique, la dernière exécution capitale en temps de paix remonte à 1863. Et c’est le 8 août 1950 que Philipp Schmitt, criminel de guerre allemand ayant commandé le Fort de Breendonk, fut le dernier fusillé du pays. Mais il aura fallu près d’un demi-siècle encore pour que l’abolition de la peine de mort soit entérinée dans la loi, en 1996, avant d’être inscrite dans la Constitution.
Et ce serait une grave erreur de regarder avec dédain ce qui se trame aujourd’hui encore en Chine, en Iran, en Arabie saoudite ou même dans certains États américains.
D’une part, parce qu’à l’heure de la mondialisation, de la globalisation, chacun, à des degrés certes divers, demeure concerné par cette abjecte réalité. Le sort réservé par le régime de Téhéran au professeur bruxellois d’origine suédo-iranienne, Ahmadreza Djalali, nous le rappelle quotidiennement depuis 2017.
D’autre part, parce qu’il appartient à chacun d’entre nous, à travers nos actes, nos paroles, l’éducation que l’on donne à nos enfants, de porter aux nues les valeurs suprêmes de respect de la vie, de respect des droits humains et de respect de la dignité humaine. Pour que celles-ci rayonnent jusque dans les geôles les plus lointaines, les plus froides, les plus sombres.