Turquie : démocratie en jeu
Recep Tayyip Erdogan est nerveux. Le scrutin de ce week-end pourrait lui indiquer le chemin de la sortie de son palais présidentiel. Les heures qui viennent vont être cruciales pour lui mais aussi pour la démocratie turque.
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Publié le 12-05-2023 à 20h07 - Mis à jour le 13-05-2023 à 08h28
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Erdogan et son parti islamo-conservateur, l’AKP (Parti pour la justice et le développement) sont au pouvoir depuis 20 ans. L’homme n’a pas la mémoire courte et sait d’où il vient et comment il est arrivé là. Comme une histoire qui se répète.
Deux éléments majeurs ont joué en sa faveur, lui qui fut premier ministre puis président.
Le premier, la situation économique de l’époque était catastrophique. La Turquie était minée par l’inflation et une classe moyenne exaspérée. Il a eu beau jeu de promettre des jours meilleurs. Ces jours meilleurs sont venus. L’homme a su s’entourer d’une équipe efficace et relancer la machine. Cela a duré une bonne décennie pour ralentir inexorablement.
Depuis 2017, la Turquie jongle avec une inflation galopante à deux chiffres qui a même dépassé les 80%. Actuellement, elle oscille aux alentours de 50%. De quoi faire flamber les prix et plonger une grande partie de la population, dont la classe moyenne, dans un profond marasme. Mais cette fois, c’est Recep Tayyip Erdogan qui est au pouvoir.
Deuxième élément qui doit revenir à l’esprit du président: le tremblement de terre. Celui du 17 août 1999. Celui-là même qui lui a permis de vilipender l’incurie du pouvoir en place. Incapable à ses yeux et ceux de peuple de venir en aide aux sinistrés.
En février 2023, un tremblement de terre a tué 50 000 personnes. Le gouvernement en place a été pointé du doigt pour son inefficacité. Mais cette fois, c’est Recep Tayyip Erdogan qui est au pouvoir. Tout cela, le président en place le sait. Comme il sait que, cette fois, l’opposition a resserré les rangs pour l’affronter. Lui qui a gangrené la démocratie par son pouvoir présidentiel.
Dans les jours à venir, la démocratie va donc vivre un moment crucial. S’il est réélu, le président continuera de la malmener. S’il n’est pas réélu, le même homme acceptera-t-il le verdict des urnes ?