Macron et Borne sur Saint-Brevin: abandon coupable, com' misérable
Il aura fallu un mois et demi pour que l'exécutif français prenne la défense d'un maire victime de l'extrême droite. Et encore, en cultivant une forme d'ambiguïté.
Publié le 11-05-2023 à 19h18 - Mis à jour le 11-05-2023 à 19h19
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Il aura fallu un mois et demi au président français Emmanuel Macron pour afficher publiquement son soutien au maire de Saint-Brevin-les-Pins, victime d’un attentat fin mars dernier (sa maison et les véhicules de sa famille ont été incendiés). Son crime ? Avoir soutenu, dans sa commune, le transfert d’un centre d’accueil de demandeurs d’asile à côté d’une école primaire. Ce qui a suscité la colère de militants et groupuscules d’extrême droite proche du RN de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour (Reconquête). Peu après ces rassemblements, voilà que le maire et sa famille étaient agressés chez eux et menacés.
Un mois et demi plus tard, celui-ci a jeté l’éponge et a annoncé quitter la ville. Il accuse l’État de l’avoir abandonné. Alors qu’ils n’avaient pipé mot depuis ces faits pour le moins graves, Emmanuel Macron et sa Première ministre Élisabeth Borne ont finalement pris la parole ce jeudi.
L’Une, Borne, pour se lamenter de la montée des extrêmes. L’autre, Macron, pour qualifier cette attaque "d’indigne" et "redire" sa solidarité envers le pauvre maire.
Dans le cas de Borne, cette prise de parole est ambiguë, en ce qu’elle met sur un pied d’égalité la nature des violences en marge de la réforme de la réforme des retraites et l’attentat contre un élu de la république. Le moment semble très mal choisi pour régler ses comptes avec des manifestants qui, dans une grande majorité, manifestent pacifiquement.
Dans le chef de Macron, il y a là aussi un léger problème, et comme souvent, le diable est dans les détails. Bien qu’il affiche sa solidarité avec le maire et qu’il qualifie les attaques et menaces dont ce dernier est victime "d’indignes", le président ne nomme pas l’origine du mal, c’est-à-dire la haine profondément raciste qui ronge chaque jour un peu plus son pays. Par prudence, peut-être : l’enquête est en cours et les auteurs courent toujours. Par opportunisme, sans doute, alors que l’exécutif français veut faire atterrir son projet de loi immigration d’ici l’été et que la contestation contre la réforme des retraites n’est pas éteinte. Bref, sur cette affaire, Macron et Borne ont fait le choix du service minimum, une constante depuis quelques mois. Le réveil risque de faire très mal.