Métis : douloureuse transparence
Savoir d’où on vient pour connaître qui on est. Ils sont des milliers à formuler cette quête existentielle. Ils ? Ce sont ces métis ou enfants de métis ou petits-enfants de métis issus d’une relation entre un homme blanc et une femme noire. Le plus souvent. Fruits d’une colonisation belge qui, ici encore, avait jeté un voile impudique sur des pratiques inhumaines.
Publié le 08-05-2023 à 20h07 - Mis à jour le 09-05-2023 à 12h03
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Ces enfants, pour la plupart ont été arrachés à leur mère sous de mauvais ou de fallacieux prétextes. Arrachés à leurs racines et envoyés dans des orphelinats comme le chiendent.
Pourquoi ? Pour sauver la face de la race blanche. Pour cacher ce métissage que l’on ne pouvait voir. Qui menaçait les intérêts coloniaux et aurait pu incarner le ferment de la révolte. Ainsi qu’on le présentait à l’époque. C’était au Congo, au Rwanda, au Burundi.
La Belgique a, tardivement, décidé d’exhumer ce passé. Des excuses en 2019 et puis ce projet de recherche concernant "la ségrégation subie par les métis issus de la colonisation belge" dont la première phase a débuté en septembre 2019. Là, on a ouvert les archives pour que ces personnes puissent reconstituer leur histoire familiale. Après 4 ans, ce travail de mémoire, de sourcement aurait dû être clôturé mais on en est loin. Tant les demandes s’avèrent aussi nombreuses que vitales. Hier, trois ministres fédéraux se sont engagés à prolonger ces recherches.
Pourrait-il en être autrement ? Comment pourrait-on imaginer fermer les portes au nez de ces femmes et de ces hommes qui attendent depuis de décennies ? D’autant plus que toutes ne sont pas encore ouvertes. Certaines congrégations ayant bien du mal à trouver la clef de la transparence.
C’est dans ce cadre qu’a débuté la deuxième phase de ce travail: "la recherche circonstanciée sur le rôle des autorités dans la façon dont les métis ont été traités. Les conclusions devraient être transmises au parlement en 2026."
Les délais seront-ils tenus ? C’est un souhait mais aussi une crainte: si la première phase relève de l’intimement personnel, la seconde s’inscrit dans l’ordre de la responsabilité publique. Et si dans le premier cas l’exercice de transparence peut se révéler salvateur, dans le second il risque d’être douloureux.