Mendicité et textes cache-misère
Il fut un temps où les mendiants étaient accueillis au nom du Christ. Avec la charité chrétienne en toile de fond. Ceux-là bénéficiaient de la générosité du peuple et de la mansuétude de l’autorité. Mais point trop n’en faut. Au gré des régimes, le statut de mendiant a roulé comme une pièce dans une sébile. Jusqu’à terminer dans les geôles du roi pour avoir osé tendre la main.
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/SJNVZVQPFJG2FIZZMMECI64NDQ.jpg)
Publié le 04-05-2023 à 20h07 - Mis à jour le 05-05-2023 à 07h08
:fill(000000)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/5HOGN6TF75CTTFX7ALUVGXCNXE.jpg)
En Belgique, la mendicité a été retirée du code pénal en… 1993. En 2021, c’est la Cour européenne des droits humains qui a reconnu pour la première fois la mendicité comme un droit protégé. Mais ce n’est pas pour autant que la voie est devenue boulevard pour quémander de la menue monnaie.
Les communes ont ainsi aiguisé leur arsenal réglementaire pour encadrer la mendicité. Ce n’est visiblement guère concluant.
Sur les 581 communes que compte la Belgique, 305 ont pris des dispositions et 253 d’entre elles violent les droits humains ! C’est le constat dressé par le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale et l’Institut fédéral des droits humains (lire page 2 et 3).
Faut-il jeter la pierre aux élus locaux pour autant ? Non, dans la mesure où ils ont dû se débrouiller souvent seuls et bien démunis sans cadre jurisprudentiel.
Ce constat une fois dressé, vont-ils pour autant revoir leur copie ? D’une part, l’aiguillon que pourrait incarner la Région semble émoucheté. Mais d’autre part, les éventuels recours par des associations de défense pourraient s’avérer plus convaincants. L’effet de contrainte. Car qui pourrait les convaincre ?
Ces règlements, ces communes les ont pris pour faire face à un phénomène qui interpelle le citoyen lambda. La mendicité suscite la commisération, la colère, l’embarras, la honte, l’empathie parfois. Réactions face à l’inconnu, la différence.
Bien sûr qu’il existe des comportements répréhensibles et qu’on ne peut fermer les yeux sur ceux-ci. Mais la motivation de certains de ces textes ne trouve sa source que dans l’éloignement de ce qu’on n’a pas envie de voir. Pour éviter que des centres urbains ne deviennent "infréquentables". Des textes cache-misère. Mais qui depuis des siècles n’ont rien résolu. C’est le regard sur le phénomène et une approche systémique de celui-ci qui permettront de mieux l’appréhender. Car il n’est pas près de s’éteindre. Au contraire.