Minuit moins 15 secondes
L’entreprise du futur, c’est celle qui parviendra à entrer dans le cercle vertueux des secteurs porteurs et qui contribuera à la réindustrialisation durable de la Wallonie, de la Belgique, de l’Europe. Avec le soutien d’investissements publics, à chaque niveau de pouvoir, au travers des plans de relance et de transition. À Seraing, l’usine Halo Steelrings a le profil. Pourtant, elle fermera peut-être ses portes la semaine prochaine .
Publié le 03-05-2023 à 19h47 - Mis à jour le 03-05-2023 à 19h48
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Éjectée du groupe ArcelorMittal en 2020, reprise par un fonds d’investissement allemand qui ne mettra pas un euro dans la boîte, c’est finalement le groupe John Cockerill, son voisin de zoning à Seraing, qui se montrera intéressé par une reprise de l’entreprise en juillet 2022… avant de lui poser un lapin deux jours avant la signature.
Mise en liquidation mais bon élève, l’usine a revu tous ses plans et recentré ses projets sur les piliers porteurs: l’hydrogène vert, les pièces d’engrenage pour les bateaux spécialisés dans l’éolien offshore et les "pneus" d’acier pour les trams. Beaucoup de commandes potentielles, mais pas de liquidités pour relancer l’outil. Et peu d’échos, qu’ils soient privés ou publics.
La Région wallonne interviendra si un partenaire industriel se confirme. John Cockerill reviendra (peut-être) si le financement public de sa gigafactory "hydrogène vert" se concrétise. Il se concrétisera si la "gigafac" se construit à Seraing. Se construira-t-elle à Seraing si le fournisseur potentiel le plus proche de pièces pour cellules d’électrolyseurs doit fermer boutique à 500 mètres de là ? "En attendant, pour nous, il est minuit moins 15 secondes", résume-t-on dans les murs de l’usine en liquidation.
Ce n’est qu’un exemple. Un maillon de la chaîne. Si une usine doit fermer, ce ne sera pas la première. Mais le dossier "Halo Steelrings" semble emblématique des enjeux de la relance et de la transition. Au-delà de la centaine d’emplois directs et indirects concernés, on nage à contre-courant des ambitions majeures de réindustrialisation et de soutenabilité environnementale. Et si les pouvoirs publics ne peuvent pas financièrement tout endosser, ils peuvent au moins se montrer proactifs. Donner l’impulsion. À Seraing, ils sont une centaine à guetter la fumée blanche.