Macron: le glissement, c'est maintenant
Entre un vocable anti-gauche et une politique répressive assumée, le Président français pousse son pays dans le bras de l'extrême droite.
Publié le 28-03-2023 à 20h53 - Mis à jour le 28-03-2023 à 20h54
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Ce n’est un secret pour personne : pour faire passer une réforme des retraites qu’il juge incontournable au point que la suite de son quinquennat en dépend, Emmanuel Macron a choisi le passage en force institutionnel et la fermeté sécuritaire. Jusqu’ici il n’y a donc eu aucun dialogue : ni avec l’opposition, ni avec les syndicats, ni même avec certains alliés au sein de sa majorité, surtout si ceux-ci s’avèrent moyennement d’accord avec la méthode employée.
Après les heurts qui ont émaillé la fin des manifestations de ce mardi, comme celles de jeudi passé, après que la police a balancé 4000 grenades (lacrymogène, ou de désencerclement) lors d’un rassemblement écologiste à Sainte-Soline ce week-end - occasionnant des blessés graves -, après qu’une unité policière (les fameux Brav-M) a été mise en cause pour des intimidations indignes d’une démocratie, après que plusieurs ONG se soient inquiétées de "l’escalade répressive", qu’a répondu le Président français ? Qu’en substance, c’était de la faute de l’extrême gauche, qui selon des propos qu’on lui prête, "tente de délégitimer l’ordre raisonnable, [les] institutions."
De la part d’un Président qui, depuis le début de son second quinquennat, a fait usage onze fois du 49.3 (un record en si peu de temps), cela ne manque pas de piquant… d’autant que le discours de Jean-Luc Mélenchon, son adversaire politique, interrogé au début de cette dixième journée de mobilisation, n’avait franchement rien de "factieux" (pour reprendre le vocable macronien), celui-ci appelant les manifestants au "sang-froid" et au "contrôle", les poussant tout au plus à exercer une "volonté d’action pacifiste".
Pendant ce temps-là, à l’Assemblée Nationale, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçait la dissolution de l’association écologiste Les soulèvements de la terre, qui a coordonné le rassemblement à Sainte-Soline, tout en s’offusquant que la gauche française "ne respecte pas l’uniforme de la république".
Dans l’ombre, assistant à ce triste spectacle, le Rassemblement National de Marine Le Pen ne pipait mot, attendant son heure. Et pour cause : en cas d’élections législatives anticipées, un récent sondage donne le parti d’extrême droite en tête.